Le 3 octobre dernier, le conseil de l’Eurométropole (EMS) votait en faveur d’une prise en main des parkings Gutenberg, Austerlitz et Broglie, par leur SPL Parkings et Mobilités créée l’an dernier. Une décision qui a créé un imbroglio sur une éventuelle hausse des tarifs, annoncée par un média local et démentie rapidement par le service presse de la Ville et de l’EMS. Retour sur cet épisode.
En juin 2024, la Ville et l’Eurométropole adoptaient la création de deux nouvelles SPL, une sur le stationnement et l’autre sur les parkings. Deux nouveaux outils pour leur permettre de reprendre en main et de gérer en interne ces compétences essentielles, qui ont été adoptés avec 43 voix pour et 9 abstentions (PS + Centristes et Progressistes) au conseil municipal, puis 70 voix et 4 abstentions à l’Eurométropole.
La SPL Parkings et Mobilités a comme objectifs la création, l’aménagement, la gestion et l’entretien des parcs et aires de stationnement en ouvrages liés ou non à la voirie, les parkings-relais ou encore la création, l’aménagement, l’entretien et la gestion de toute gare routière. Sur la période 2025-2026, il était envisagé de lui confier : la gestion des parkings Gutenberg, Austerlitz et Broglie, ceux des Deux-Rives, l’exploitation de la gare routière Étoile et du service de gestion des cars de tourisme, le parking Wodli, les parkings vélos de la gare de Strasbourg et le nouveau parking Kablé.
Comme première étape, l’Eurométropole a décidé de confier à sa SPL la gestion des parkings Gutenberg, Austerlitz et Broglie. Un vote qui a créé un petit imbroglio : les DNA ont sorti un article le soir du vote, titré Hausse à venir des tarifs des parkings Broglie, Gutenberg et Austerlitz. Et deux jours plus tard, le service presse de la Ville et de l’Eurométropole a remis en cause le média local, affirmant qu’« aucune hausse des tarifs n’a été votée et ils restent inchangés depuis 2023 ». Alors, qu’en est-il vraiment ?
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Que disent les débats en conseil de l’Eurométropole ?
Pour mieux comprendre cette confusion, il faut regarder les débats sur la question lors du conseil de l’Eurométropole [ce sur quoi se sont appuyés les DNA dans leur article, ndlr]. Car, il est important de le préciser en amont : impossible de trouver la délibération associée au vote du point, puisque dans les documents transmis en amont du conseil par le service presse de l’EMS, il était simplement marqué : « Le projet de délibération ainsi que les pièces complétant ce dossier vous ont été adressés [aux élu(e)s, ndlr] le 17 septembre 2025 par envoi confidentiel. »
Par ailleurs, pour rajouter des précisions : les tarifs actuels des parkings Gutenberg et Broglie sont les mêmes, soit 80 centimes pour 15 minutes de stationnement et 44€ pour 24h, tandis que pour Austerlitz, les prix sont échelonnés selon la durée de stationnement, montant à 22€ pour 24h.
Rien qui ne justifie [dans le contrat, ndlr] des hausses de tarification aussi importantes.
Thibaud Philipps, maire d’Illkirch
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Sans possibilité de se référer à un document, il n’y a donc que les débats qui font foi. Dans ceux-ci, après une courte présentation, c’est surtout Thibaud Philipps qui met en cause cette prise en charge par la SPL Parkings et Mobilités. Le maire d’Illkirch rappelle que les parkings ont été rénovés entre 2018 et 2019 et alerte sur une « prévision d’augmentation substantielle des tarifs » : + 10% du tarif horaire en 2030, + 10% du tarif horaire en 2035 et + 2% tous les ans pour les abonnements.
Surtout, Thibaud Philipps ne comprend pas pourquoi, alors qu’il y aura augmentation des tarifs, les travaux importants mentionnés dans le cahier des charges (ascenseur et matériel de péage) ne seront finalement pas réalisés. Seuls seront menés des travaux légers de peinture, l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques, le marquage ou la rénovation des toilettes. Une reprise en main qui l’interroge, et qui lui fait dire que ces parkings sont « des vaches à lait de Parcus » qui sont transférés pour équilibrer économiquement le fonctionnement de la SPL.
Si on n’est pas armé pour reprendre dans le giron du public, les tarifs continueront de grimper de manière démesurée avec aucun avantage pour le territoire.
Syamak Agha Babaei, vice-président de l’EMS aux finances
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En réponse, Syamak Agha Babaei explique que Parcus a perdu des contrats d’un certain nombre de parkings et que les acteurs qui les gèrent actuellement ont pu faire remonter les dividendes ailleurs que sur les territoires strasbourgeois et de l’Eurométropole. Ainsi, pour le vice-président aux finances, la SPL veillera à une gestion qui permettra de réinvestir l’argent récolté dans des projets sur les territoires locaux.
Ensuite, il ne contredit pas l’augmentation des tarifs prévue à l’horizon 2030 dans les trois différents parkings, la justifiant par le fait que c’est le cas dans toutes les grandes villes. La priorité est ainsi de fournir « du stationnement disponible, de qualité, qui génère du revenu pour les collectivités ». La décision est finalement adoptée le 3 octobre dernier par 52 voix pour et 23 abstentions.
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Mais alors, ça augmente ou pas ?
Alors finalement, qui des DNA ou du service presse de l’EMS a raison ? Déjà, les DNA ont raison sur la hausse à venir des tarifs des parkings Gutenberg, Broglie et Austerlitz, puisque cela a été confirmé lors du conseil eurométropolitain par Syamak Agha Babaei.
Sauf qu’elles ne seront appliquées, si l’on se réfère aux débats, qu’à partir 2030, ce qui n’est pas explicité dans le titre. Ce qui est le coeur du reproche d’un service presse suffisamment échaudé pour envoyer un communiqué de réaction [d’habitude, les demandes de corrections ou de modifications sont envoyées aux médias ou aux journalistes sans passer par voie de communiqué de presse, ndlr].
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De son côté, le service presse appuie sur le fait qu’aucune hausse n’a été votée, ce qui est vrai. Ce qui ne l’empêche pas de se dédouaner de toute décision concernant les augmentations prévues pour 2030 et 2035, expliquant que « le contrat prévoit des prévisions de recettes et de charges sur les dix ans d’exploitation, qui relèvent d’hypothèses de travail obligatoires à la formalisation de l’accord ». Et vu qu’il est impossible de voir le contrat, difficile de se positionner avec certitude.
En résumé : il a bien été annoncé en conseil de l’Eurométropole que les tarifs des trois parkings gérés par la SPL Parkings et Mobilités allaient augmenter ; que le contrat prévoit que ces hausses soient pour l’instant de 10% en 2030, 10% en 2035 et de 2% des abonnements tous les ans ; mais qu’il est toutefois possible que ces chiffres évoluent dans le futur.