C’est LE « pôle d’excellence industrielle » de la métropole rennaise. Stellantis, Suez, Kertrucks, Eiffage, Schneider Electric, Techydro, Joncoux, Linevia ou encore SNCF voyageurs et bientôt Safran, qui est en train d’y construire une nouvelle fonderie… toutes ces grandes entreprises sont implantées à La Janais, à Chartres-de-Bretagne, au sud de Rennes. Un site qui n’attire pas que les industries de pointe, mais aussi de nombreuses familles issues de la communauté des gens du voyage.

Depuis septembre, 200 caravanes y ont investi des parkings. Ce qui n’est pas sans susciter quelques craintes et désagréments parmi les riverains de la zone. En concertation avec le maire de Chartres-de-Bretagne Philippe Bonnin, l’ensemble des entreprises de ce pôle d’excellence industrielle ont adressé, selon une information de Ouest France que nous pouvons confirmer, un courrier au préfet de la région Bretagne et à la présidente de Rennes métropole le 19 septembre. Dans cette lettre, que nous avons pu consulter, les entreprises du parc industriel La Janais déplorent que ces « occupations de parkings dédiés à nos collaborateurs, prestataires, clients » « perturbent nos activités ».

Raccordements illicites, vols, dégradations…

Safran, qui construit une nouvelle fonderie à 80 M€ à La Janais, confirme avoir « alerté la métropole de Rennes au sujet de nuisances liées à la présence non autorisée d’un groupe de personnes aux abords du chantier de sa nouvelle usine à La Janais » afin de « garantir la continuité d’activité des équipes sur place et du chantier en cours dans les meilleures conditions ».

« Les entreprises m’ont fait état de dégradations, de tentatives d’effraction et de bris de clôture pour forcer le passage aux parkings », ajoute Philippe Bonnin. La lettre dénonce également des « raccordements illicites, établis sans les moindres précautions au risque d’accidents graves, des vols, ainsi que des atteintes environnementales (pollutions…) ».

« Sur le parking de Safran, les gens y étaient bien, mais avec le chantier, ils ont dû s’installer ailleurs »

Si l’occupation de la zone de La Janais par des gens du voyage n’est pas nouvelle, « elle s’est accentuée depuis trois ans, estime Philippe Bonnin. On a eu jusqu’à 350 caravanes sur le site. » Jusque-là, bon nombre de caravanes étaient stationnées sur un parking désaffecté de six hectares, sur le site du chantier de Safran. « Ici, les gens y étaient bien, mais avec le chantier, ils ont dû s’installer ailleurs », indique Laurent Martin, référent local de l’Association nationale des gens du voyage citoyens.

Ces familles devraient rester à La Janais jusqu’au printemps.Ces familles devraient rester à La Janais jusqu’au printemps. (Photo Le Mensuel de Rennes/David Brunet)

Un report accentué par la fermeture d’un autre parking « où s’installaient une cinquantaine de familles, au nord de Rennes, là où se trouvait le magasin Gifi. Tout le monde s’est donc reporté sur La Janais, pointe Laurent Martin. En juin, quand j’ai su qu’il y aurait une tolérance sur ce site, j’ai alerté les pouvoirs publics pour leur dire que cela allait générer des tensions car les gens du voyage n’ont pas eu d’autre choix que de s’installer là ».

Suroccupation des aires d’accueil supérieure à 90 %

Rennes Métropole, qui possède une emprise foncière de 50 hectares à La Janais, affirme avoir bien connaissance du problème et « agir à son niveau concernant son terrain, tout en échangeant chaque semaine avec les entreprises gestionnaires des terrains avoisinants concernés par ces installations. Les services étudient actuellement les possibilités de relogement de ces familles. Un médiateur est présent quotidiennement sur le site pour maintenir le dialogue et rechercher des solutions. »

Problème, les places manquent selon Laurent Martin. « Si le Schéma départemental avait été appliqué, on ne serait pas dans cette situation ». Ce document pointe une suroccupation des aires d’accueil supérieure à 90 % sur Rennes Métropole. « Aujourd’hui, le citoyen itinérant a changé, il est très sédentaire, surtout l’hiver. Ils travaillent sur le territoire et, pour certains, ont besoin de suivre des soins à Rennes ». Selon lui, la situation ne devrait pas bouger avant le printemps, à l’heure des grands rassemblements évangéliques.