Samedi 4 octobre 2025, 23h03, Longchamp Palace, bar au cœur de Marseille. Nico, 39 ans, supporter de l’OM, coupe net le débat : « Non, il ne faut pas parler de titre ! » Il. Ne. Faut. Pas. C’est presque une incantation conjuratoire, un sort protecteur. L’ultra-domination nationale du PSG a forcé les supporters marseillais à se résoudre à la raison sportive.
Et pourtant, en ce début d’automne, sur le terrain, l’Olympique de Marseille est fort, très fort. Tellement qu’il a même fait tomber le tout-puissant PSG un soir de Ballon d’Or, au lendemain d’averses diluviennes. En fait, les hommes de De Zerbi se comportent en patrons, surclassant les petits (OM-Lorient 4-0, Metz-OM 0-3) et triomphant avec caractère contre les gros (OM-PSG 1-0, Strasbourg-OM 1-2).
Ajoutez une démonstration en Ligue des champions face à l’Ajax (4-0) et normalement, vous obtenez la recette d’une ville bombant le torse et se projetant déjà dans les célébrations du mois de mai. Mais ce n’est plus le cas. Pas seulement pour Nico.
C’est Paris qui décide
Pour Thierry aussi, par exemple, visiteur du Vélodrome depuis l’époque des tacles de Zvunka sur Cruyff, et tout aussi raisonnable que Nico : « C’est encore tôt pour parler de titre, je crois que le véritable objectif c’est avant tout de réduire l’écart avec Paris, qui était quand même de 19 points la saison passée… »
En conférence de presse après la démonstration à Metz (0-3), De Zerbi tenait peu ou prou le même discours : « Aujourd’hui, le classement n’est pas déterminant, on verra à la fin de la saison. »
Le microcosme OM aurait-il perdu sa légendaire propension à s’enflammer ? La toute récente affaire Rabiot prouve que ce n’est pas le cas en interne, alors que les célébrations épiques après la victoire contre l’ennemi parisien, lors de la 5e journée, viennent écarter tout doute en externe.
L’OM est toujours l’OM, mais il a enfin pris conscience de la Ligue 1 dans laquelle il joue. La réalité imposée par l’überpuissance financière des Parisiens est que le titre ne dépend finalement que d’eux. Thierry explique : « Tout le monde a bien trop conscience de la force du PSG, de son jeu et de son effectif. J’ai l’impression que, malheureusement, ça va tenir pour eux cette saison. »
Au cas où
Il y a comme une résignation qui ne pèse sur plus personne. En Ligue 1, c’est comme ça, il faut aller chercher son plaisir ailleurs. Le rêve, lorsqu’on entre dans une compétition, est normalement de l’emporter, mais plus dans celle-ci. Ni en Ligue des champions, d’ailleurs. Il s’agit pourtant de l’OM et son budget, pas de Lorient.
Même une saison phénoménale sur le terrain ne vous assure de rien… mais peut aider ! Notamment en cas de défaillance ou de manque d’intérêt passager pour la compétition de la part du club de la capitale (11 titres glanés sur les 13 derniers en jeu). Plus qu’une grande saison de l’OM, c’est une saison pas totalement maîtrisée de Paris qui laissera une chance de lui ravir le sacre national.
Au cas où, Nico garde tout de même en tête un plan d’attaque : « Et puis, regarde les équipes qui ont réussi à prendre un titre à Paris : Montpellier, Monaco et Lille. Elles ne se sont pas proclamées candidates au titre en octobre, mais à la sortie de l’hiver, elles se sont dit : « En fait, il y a peut-être une vraie possibilité. » S’il y a un truc à faire, c’est plus en prenant exemple là-dessus. »
Dans ce fatalisme ambiant made in Ligue 1, le fantasme repose désormais dans cet espoir dont il ne faut pas prononcer le nom, dans cette stratégie forcée. Au pire, il restera les bars et le souvenir de ce beau mois de septembre.
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