Pascal* a tenu à mettre les choses au clair. Plus de deux semaines après le crash évité de justesse à l’aéroport de Nice, l’un des contrôleurs aériens niçois a souhaité rétablir sa vérité sur le déroulé des événements. Le dimanche 21 septembre, un avion de Nouvelair, en train d’atterrir, a frôlé à «trois mètres près» celui d’EasyJet à destination de Nantes qui occupait déjà la piste 04R. Si les contrôleurs aériens sont régulièrement ciblés depuis cet incident, selon Pascal, c’est la tour de contrôle qui a bien demandé au pilote de Nouvelair de remettre les gaz, évitant le drame, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Depuis le 27 septembre, le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) a confirmé que le pilote de l’avion Nouvelair s’est bien trompé de piste d’atterrissage. Or, aucun autre élément n’a été divulgué sur le déroulé de l’incident jusqu’à présent. Si Pascal ne travaillait pas ce soir-là, il affirme que ses collègues ont donné la bonne information au pilote du vol provenant de Tunis avec une autorisation pour la piste 04L. L’alarme s’est alors déclenchée pour prévenir une erreur de piste à l’atterrissage.
L’intensité lumineuse des pistes est problématique
Le contrôleur aérien en poste ce jour-là aurait demandé une confirmation au pilote. Ce dernier lui a affirmé viser la piste 04L, et non celle où l’avion d’EasyJet se préparait à décoller. «L’alarme persistant, c’est là que mon collègue lui a fait remettre les gaz», assure Pascal. «J’ai pas l’habitude de faire de catastrophisme, mais c’est de l’ordre du miracle», avoue-t-il. Ce dernier reconnaît que l’explication de cet incident ne réside pas uniquement dans cette inversion de piste.
«Les pilotes se plaignent depuis plus de six mois d’une différence d’intensité lumineuse dans le balisage des pistes de Nice», explique Pascal, alors que des «centaines d’ampoules» seraient à changer. Après l’incident, la compagnie Nouvelair avait communiqué sur des «conditions météorologiques particulièrement difficiles», ce que réfute le contrôleur aérien.
Les contrôleurs aériens en sous-effectif à Nice
Le pilote avait suivi à la lettre la procédure d’approche de l’aéroport de Nice Côte d’Azur, conduisant à éviter le survol de Cannes et d’Antibes pour éviter les nuisances aériennes «De nuit, désormais, jusqu’à nouvel ordre, il n’y aura pas cette procédure d’évitement des riverains de Cannes et Antibes», précise Pascal. «Les riverains vont nous tomber dessus, on le sait déjà, mais on n’a pas le choix», insiste-t-il.
Pascal rappelle que ses «collègues ont super bien réagi», et souhaite mettre en avant le manque d’effectif de sa profession au sein de l’aéroport niçois. «Les contrôleurs aériens sont épuisés», déplore le professionnel même s’il estime que ce constat n’est pas en lien avec l‘incident du 21 septembre. Ils ne sont que 72 au lieu des 90 demandés par l’Etat sur cet aéroport. Des recrutements sont en cours pour atteindre ce nombre de contrôleurs.
*Le prénom a été modifié pour garantir l’anonymat des sources.
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