« Elle a été exceptionnelle », nous confirme Adrien Dumont de Chassart. « Lors des deux premiers tournois de ce play-off, je n’avais pas franchi le cut. Le terrain et mon jeu ne s’accordaient pas. Le golf exige de la patience. Mon coach Jérôme Theunis m’a rejoint dans l’Ohio. Nous avons étudié notre plan de travail en nous basant sur la performance. La semaine précédant le tournoi, l’entraînement était très positif. Ensuite, j’ai poursuivi sur cette bonne lancée. »
Avec Jérôme Theunis, il a bossé en dehors de sa zone de confort. Les deux hommes ont travaillé sur l’aspect mental de son jeu avec des exercices précis comme un drill de performance. « Je devais frapper trois bonnes balles de suite en touchant trois fairways étroits. Ma réussite est venue de mes entraînements. Pourtant, je n’ai pas eu l’impression de sortir le meilleur jeu de ma vie. »
Durant deux semaines, Jérôme Theunis a trimé pour passer au crible tout le jeu du Brabançon. « Je l’ai accompagné lors du deuxième tournoi du play-off et sa semaine de break. Son jeu était bien en place. Je n’ai remarqué aucun souci majeur », nous explique son coach. « Nous avons bossé ses routines, son état d’esprit et sa confiance en son système de jeu. Je n’avais aucune inquiétude sur sa qualification. De là à dire qu’il gagnerait avec une carte de -33… »
Du jeu du Brabançon émanait une forme de confiance inébranlable. Lors du dernier tour, il n’a jamais laissé un adversaire croire qu’une remontada était possible. « De l’extérieur, on pouvait penser que j’avais l’air à l’aise. En réalité, je devais gérer quatre mises en jeu. En ratant le fairway, on perd vite deux coups. J’ai misé sur un jeu plus défensif. Mes trois birdies aux trois premiers trous m’ont aidé. Je savais que si j’avais cinq coups d’avance au 14, c’était plié », analyse celui qui reconnaît avoir mal dormi samedi soir.
La semaine dernière, Adrien Dumont de Chassart a appris beaucoup en vue de sa saison prochaine au sein du PGA. « Le golf reste un sport de fou. Tu dois constamment rester dans le moment présent. À un tour de te qualifier pour le PGA Tour, tu te projettes dans le futur. J’ai réussi à rester dans mes routines durant toute la semaine. »
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Sur les 19 gars qui sont descendus avec moi en 2024, il y en a peu qui remontent avec moi aujourd’hui. »
En 2023, il avait vécu une première expérience compliquée sur le PGA Tour. À cause d’une blessure, il avait changé de grip, ce qui ne se digère pas en quelques semaines. Après avoir passé un an dans le purgatoire, il revient avec toutes les armes pour s’imposer parmi les plus grands. Désormais, seuls 100 joueurs conservent leur carte. « Ils ont diminué le réservoir de 25 places. En 2023, j’avais franchi le cap des universités au Korn Ferry Tour avant de plonger quelques mois plus tard sur le PGA. La récompense était belle. Mon changement de grip a compliqué l’aventure. Cette fois, je suis très fier de ma saison sur le Korn Ferry Tour. Il y a un an, je perdais ma carte. Je sortais d’une année où je me suis fait ramasser. J’ai réussi à rester positif et bien dans ma tête pour rebondir tout de suite. Sur les 19 gars qui sont descendus avec moi en 2024, il y en a peu qui remontent avec moi aujourd’hui. »
Le PGA ne l’effraie donc pas. Adrien Dumont de Chassart se sent armé pour relever ce défi. « Cette semaine m’a tellement appris. J’ai fini avec une carte de -33 en tapant beaucoup de mauvais coups qui partaient à droite. J’ai pu ajuster. Je me sens bien préparé pour attaquer cette prochaine étape. Je veux aller chercher une victoire et ma place dans le top 100. »
Ses objectifs ambitieux restent réalistes au regard de sa saison 2025 même si les parcours du Korn Ferry Tour ne sont pas les mêmes que sur le PGA. L’opposition non plus n’est pas comparable. « Son parcours est remarquable car il est revenu directement au sein de l’élite », raconte notre consultant Michel Vanmeerbeek. Il y a deux ans, il était passé des universités à la Champion’s League en quelques mois. Sa saison n’avait pas été terrible (150e). Il sera essentiel qu’il réussisse ses premiers tournois, c’est-à-dire qu’il atteigne un bon niveau de jeu à défaut d’un bon classement. Son jeu est moins spectaculaire, mais il a tout en lui. Cette année, il a appris à gérer le dimanche. Il a été formé dans l’excellente université de l’Illinois comme Thomas Detry et d’autres champions. »
Colsaerts et retraite : « Je suis serein avec ma décision »Quatre Belges ont goûté au PGA Tour
Seuls quatre Belges ont atteint le top niveau mondial aux États-Unis : Nicolas Colsaerts, Thomas Pieters, Thomas Detry et Adrien Dumont de Chassart. « Quatre, c’est déjà beaucoup. J’expliquais à des amis dans l’Illinois que la taille de leur État (150 000 km²) était bien plus grande que celle de la Belgique (30 688 km²). Ils étaient impressionnés de voir autant de Belges réussir. »
Il retrouvera son ami Thomas Detry. « Il peut m’aider évidemment. Je le verrai. Il partagera son expérience avec moi. Nos parcours et nos profils sont assez semblables. Son aide sera précieuse. »
Jérôme Theunis est également confiant sur les chances de son protégé en 2026. « Il a le package pour y rester. Il n’aura pas accès aux Signature events. Il a tant progressé qu’il peut le faire. »
Cette semaine, il achève le dernier tour du play-off sans la moindre pression. Il figure actuellement à la sixième place et fait partie des huit qualifiés d’office pour sortir du Korn Ferry Tour. « Je veux apprendre et profiter sans pression sur le Pete Dye Stadium Course. »
Ensuite, il prendra des vacances avant d’entamer une préparation de deux à trois mois loin de la Belgique.