Par
Yann Rivallan
Publié le
8 oct. 2025 à 7h06
Elle pleure à chaudes larmes à la barre du tribunal de Rouen. Il faut dire qu’elle ne pensait pas en arriver là. Mais l’instant d’après, Noémie Lemoine se ressaisit et raconte son impuissance devant la froideur de l’administration. Maman de cinq enfants, elle bataille depuis plusieurs mois pour sauver l’avenir de son petit dernier, Alexis, atteint de trisomie 21.
« Il a besoin d’une aide constante »
Depuis la naissance de son fils, cette mère de famille installée au Trait a été plus que prévoyante pour lui donner un maximum de chances.
J’ai prévenu l’école [maternelle] en décembre 2024 pour leur dire « attention, [Alexis] arrive à la rentrée de septembre 2025 ».
Noémie Lemoine
Maman d’Alexis, jeune garçon trisomique
Dans la foulée, elle prépare son dossier à la MDPH, la maison du handicap de Seine-Maritime, pour obtenir une aide financière, mais surtout, un AESH, un accompagnant des élèves en situation de handicap, pour prêter main-forte à son fils tout au long de ses journées d’école.
Une aide humaine qui paraît indispensable au vu du handicap de son fils. D’ailleurs, tous les professionnels de santé qu’il a rencontré l’ont préconisé.
Devant le tribunal de Rouen, l’avocate de Noémie, Me Marie Leroux, est claire : « Il a besoin d’une aide constante. C’est un enfant qui éprouve des lenteurs d’exécution, il a besoin qu’on lui reformule des consignes, qu’on l’accompagne dans toutes ses tâches et qu’on l’aide dans sa gestion émotionnelle. »
Du haut de ses 3 ans et demi, Alexis « n’est pas encore propre » et peut « prendre la fuite » en classe lorsqu’il n’est pas surveillé, appuie-t-elle. Autant de contraintes qui compliquent grandement la vie de sa maîtresse. Elle doit également s’occuper d’une vingtaine d’enfants en bas âge.
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La maison du handicap refuse sa demande d’AESH
Mais si Noémie s’est retrouvée devant le tribunal de Rouen, mardi 7 octobre 2025, c’est parce que la maison du handicap a refusé catégoriquement sa demande d’AESH, arguant qu’Alexis était « suffisamment autonome ».
L’administration gérée par le Département de la Seine-Maritime n’a même pas pris la peine de se faire représenter par un avocat lors de cette audience. Face à un banc vide, Me Leroux a insisté sur « l’urgence évidente de la situation ».
L’avocate a demandé au tribunal d’octroyer provisoirement une AESH au jeune trisomique, dans l’attente d’un procès sur le fond dans plusieurs mois. Car s’il fallait attendre ce « vrai » procès, l’année scolaire sera déjà sur le point de se conclure. « On ne peut pas se permettre d’attendre », a assuré Me Leroux.
« La maîtresse fait tout son possible » mais…
À la barre, Noémie Lemoine raconte les difficultés de son fils au quotidien : « Il va à l’école trois demi-journées par semaine. Mais avec une AESH, il pourrait y aller plus et manger à la cantine le midi. »
En classe, « la maîtresse fait tout son possible », assure la mère de famille. Mais face au handicap d’Alexis, « elle est obligée de le laisser de côté lors des activités avec les autres enfants. Et ensuite, elle les fait avec lui tout seul. Il est exclu au quotidien ».
Une aide humaine lui permettrait de « mieux s’intégrer », imagine-t-elle. Une heure par semaine, une éducatrice vient aider le jeune trisomique en classe. « Et là, ça se passe beaucoup mieux », fait remarquer la maman du petit garçon.
Un fort soutien d’élus locaux
Dans son combat, Noémie n’est pas seule. L’équipe municipale du Trait lui a déjà prêté main-forte en finançant du matériel adapté à la trisomie de son fils. Durant l’audience mardi, le maire de Barentin et conseiller départemental, Christophe Bouillon, ainsi que Michel Pons, représentant de la Coordination Handicap Normandie étaient présents.
Dans l’attente du délibéré, prévu le 20 octobre prochain, la mère de famille est loin d’être résignée : « Peu importe la décision, je ne vais pas lâcher. »
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