Le mardi 14 octobre 2025 est coché dans bon nombre d’agendas. Avec, peut-être, quelques noms d’oiseaux à l’attention de Microsoft… Ce jour-là, le géant américain Microsoft mettra fin à son support technique de Windows 10. Autrement dit, des millions d’ordinateurs deviendront plus vulnérables aux failles et aux attaques. Une façon brutale et décriée de forcer le passage vers Windows 11, à la condition que les machines puissent accompagner cette évolution forcée.
En Charente, cette annonce provoque un afflux soudain de demandes chez les informaticiens et les associations d’entraide. « On est excessivement débordés, le téléphone sonne sans arrêt », souffle Aurore Mouclier, au standard d’IDF Informatique, à Cognac.
La puce TPM 2.0, le facteur X
Ce réparateur, dont la clientèle est plutôt âgée, anticipe depuis l’été cet ultimatum de Microsoft. « La semaine passée, 30 devis de changement d’ordinateur ont été signés, contre cinq en temps normal », note Stéphane Bouchard, le gérant. Il craint désormais « une pénurie ».
« Posez la question, montrez vos machines. »
Paniquer et acheter une nouvelle machine n’est pourtant pas l’unique solution. « Il ne faut pas prendre peur », tente de faire entendre depuis Puymoyen Jonathan Dumont. Le gérant de DSIT rappelle l’existence du programme sécuritaire étendu de Microsoft, l’ECU, pour prolonger d’un an Windows 10, à la condition de lier son ordinateur à un compte Microsoft, puis de sauvegarder ses fichiers sur son Cloud. Une solution provisoire, à laquelle il vaut mieux ajouter un bon antivirus, pour pousser un ordinateur fixe ou portable inéligible à Windows 11.
Reste l’obstacle principal : la puce TPM 2.0. « C’est la clé », résume Anthony Dupont, du magasin CID Charente, à Gond-Pontouvre. Cette puce de sécurité matérielle est exigée par Microsoft pour valider l’installation de Windows 11. Sans elle, ou sans activation préalable, la mise à jour est bloquée. Une gourmandise de plus dans ce panier de contraintes déjà bien rempli des géants du web, et qui doit contraindre 400 millions d’ordinateurs dans le monde à délaisser Windows 10, sous peine d’être assaillis de pirates.
« C’est une entreprise étrangère qui nous met le couteau sous la gorge. »
Plus concrètement, les ordinateurs de 2018 et d’avant, fixes et surtout portables, ne pourront pas passer à Windows 11. Parmi les solutions alternatives, Mac ou les logiciels libres (lire ci-dessous). La situation peut induire un cas par cas : « Posez la question, montrez vos machines », préconise Jonathan Dumont.
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Fin de Windows 10 : enfin l’heure de Linux ? Pas si sûr…
Microsoft met fin au support de Windows 10 le 14 octobre. Des milliers d’utilisateurs se retrouvent poussés vers des machines neuves. Face à cette injonction, le logiciel libre Linux apparaît pour certains comme une alternative crédible. Exemple en Charente.
À Villefagnan, Sébastien Nicolas, réparateur et président du club informatique, critique les discours rassurants relayés par les médias et notamment Charente Libre. « La foule ne se presse pas » à ses ateliers changement de système, constate-t-il. En zone rurale, beaucoup d’usagers n’imaginent pas de stratégie numérique : ils utilisent leur ordinateur pour la bureautique, les mails. « Au-delà de huit ans d’âge, je leur conseille un vrai changement de machine ».
Et après, Windows 12…
« C’est une entreprise étrangère qui nous met le couteau sous la gorge et je trouve tout à fait dommage que l’État ne se bouge pas », fustige François Élie, le monsieur numérique de la Ville d’Angoulême, contraint d’ajuster les 1.000 postes et moitié moins de serveurs concernés par la fin du support pour Windows 10.
« Ce n’est pas parce qu’on annonce la fin du monde que ce sera la fin du monde. »
Pour les professionnels, l’inquiétude est moindre. D’une part, les flottes d’ordinateurs sont en moyenne remplacées tous les cinq ans (Windows a 4 ans), assure Anthony Dupont, de CID Charente. D’autre part, « tous les professionnels savent que chaque logiciel a besoin tôt ou tard d’être mis à jour », appuie Stéphane Traumat, le gérant associé du fabricant charentais de logiciels, Scub, à Angoulême.
Il n’empêche : face à la surcharge, les délais explosent. « De deux à trois mois » pour les passages de Windows 10 à 11 facturés 75€, témoigne Jonathan Dumont, de DSIT Puymoyen. Il prophétise : « Ce n’est pas parce qu’on annonce la fin du monde que ce sera la fin du monde ». Un monde qui ne s’arrêtera pas vraiment dans tous les cas : Windows 12 est pressenti pour une sortie en 2026.