Des grillages ont été installés de part et d’autre du tunnel Baco, théâtre de fréquentes dégradations et incivilités. Une réhabilitation complète devrait être mise en œuvre dans un second temps.

Fut un temps, où le passage Baco rayonnait dans le centre-ville de Nantes, fraîchement agrandi, embelli et rehaussé de fresques murales. C’était il y a onze ans, au début du premier mandat de la maire de la sixième ville de France, Johanna Rolland. L’édile socialiste avait inauguré en personne ce trait d’union entre les abords du château des ducs de Bretagne et le quartier voisin de Madeleine filant sous une ligne de chemin de fer. Mais cet aménagement rendu accessible aux cyclistes ainsi qu’aux personnes à mobilité réduite s’est progressivement encanaillé. Transformé au fil des ans en boyau glauque, insalubre et anxiogène, entre abri de fortune pour consommateurs de drogue et toilettes couvertes pour fêtards pressés, le souterrain vient de bénéficier d’une attention renouvelée de la municipalité.

Un périmètre grillagé a ainsi été installé ces dernières semaines, de part et d’autre des deux accès au passage Baco. Le site est désormais clôturé en soirée et la nuit, de 20 heures à 7 heures du matin. La sécurisation du site a coûté 80.000 euros – une addition justifiée par le choix d’un équipement adapté au secteur sauvegardé où se trouve le passage, en situation de co-visibilité avec le château des ducs. À ce titre, l’aménagement a par ailleurs nécessité le feu vert de l’architecte des Bâtiments de France.


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«Prendre le taureau par les cornes»

«Après avoir constaté depuis plusieurs années la lente dégradation de ce passage, malgré l’attention des services de la ville, nous avons pris la décision, au printemps, de prendre enfin le taureau par les cornes et de réguler la situation», explique Gildas Salaün, adjoint municipal en charge des commerces et de la nuit. L’élu confirme vouloir «rembellir» et réhabiliter l’ouvrage et restaurer ses ascenseurs, pour rendre le site de nouveau accessible à tous les usagers. Cette renaissance n’interviendra cependant pas avant la conclusion d’une phase d’observation, entamée avec l’installation des grillages. Les horaires de fermeture du passage pourront également être modulés. Un point avec l’association des commerçants du quartier sera organisé fin octobre, pour évaluer l’impact des travaux sur les professionnels du quartier.

Si plusieurs détails de la remise en usage, et en beauté, du site restent donc encore flous, la mairie balaie en revanche la piste d’une installation de caméras aux abords immédiats du passage Baco. «La situation ne le nécessite pas», assure Gildas Salaün, en rappelant que le souterrain génère de l’incivilité, plutôt que de la délinquance.

«C’est désolant, soupire en revanche l’élue d’opposition Sophie Van Goethem. En évitant, par dogmatisme, d’installer des caméras, la mairie se prive de lutter pleinement contre les incivilités et donc de nouvelles dégradations. C’est couru d’avance. La ville ne se projette que sur du court terme et de l’éphémère». Les barrières n’ont, en effet, pas encore fait cesser les dégradations. En l’espace de quelques jours, les poignées des portails d’accès au souterrain ont été à leur tour vandalisées.