Par

Fabien Binacchi

Publié le

8 oct. 2025 à 12h45

Ils sont venus pousser un « cri du cœur ». En civil, des enquêteurs de la police des Bouches-du-Rhône sont descendus dans la rue, à Marseille, ce mercredi 8 octobre, pour dénoncer la situation « catastrophique » de leurs services. Ces agents mouillent le polo, aux couleurs de leur syndicat Unité (à l’initiative du mouvement), pour aller à la rencontre de la population, « bien sûr concernée » par les difficultés qu’ils rencontrent.

« Sur trois plaintes, deux ne sont pas traitées »

Rue Saint-Férréol, dans le centre de Marseille, le brigadier-chef Patrice distribue les tracts préparés pour l’occasion avec un message choc : « Victime abandonnée, et si c’était vous ? »

« Lorsqu’on pose une semaine de congés, quand on revient, on a 30 dossiers de plus alors qu’on en a déjà 130 en attente, souffle cet agent en poste à Aix-en-Provence. Ça devient très inquiétant. Sur trois plaintes aujourd’hui, on sait que deux ne seront pas traitées. »

« C’est le stress de voir des victimes qui n’arrivent pas à obtenir de réponses. Et pour nous, c’est un véritable problème parce qu’on travaille pour le service public, pour le public. »

Brigadier-Chef Patrice

« La situation est critique »

Manque de moyens et de mains, « la situation est critique » dans les services d’enquête de la police, appuie le texte préparé par le syndicat Unité (ex-SGP et FO), majoritaire en zone Sud, qui n’avait pas choisi la date du 8 octobre au hasard. Il souhaitait, à Marseille comme dans toutes les autres grandes villes de France, prendre le nouveau gouvernement à témoin.

« Tant pis, ce sera quand même pour le suivant », prévient Bruno Bartoccetti, le secrétaire national dans tout le sud de la France.

« Nous sommes en très grande difficulté pour travailler. On manque de moyens, on manque d’enquêteurs. On a des outils informatiques obsolètes. Le secteur de l’investigation est véritablement sinistré, appuie le responsable syndical. À Marseille, pour 450 agents, nous avons 100000 dossiers en cours. La moitié va être frappée de prescription ou va être classée. On ne peut pas travailler dans ces conditions. »

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire
« Les jeunes ne veulent plus s’engager »

Au niveau national, Unité évoque « plus de 3 millions de procédures judiciaires » en attente de traitement, avec « au moins 2000 enquêteurs » qui manqueraient à l’appel.

Le message passage auprès des passants. « J’ai déposé une plainte il y a plusieurs mois et je n’ai jamais eu aucune nouvelle », s’agace Béatrice. « C’est ce qu’on entend à longueur de journée et ça fait mal. C’est un cri du cœur qu’on exprime », réagit un autre enquêteur.

« D’autant plus qu’il est également très compliqué de recruter, poursuit-il. Les jeunes ne veulent plus s’engager avec ce qu’ils savent des moyens dont on dispose et du peu de reconnaissance qu’on nous témoigne. Et on les comprend. »

Une « pause » dans les hausses d’effectifs

Pour 2025, le ministre de l’Intérieur (désormais démissionnaire) Bruno Retailleau avait défendu un budget en hausse de près de 600 millions d’euros mais aussi une pause dans les hausses envisagées des effectifs de police et de gendarmerie.

Les agents des services d’enquêtes espèrent des nouvelles différentes de la part de son successeur et du futur gouvernement. Quand il sera nommé.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.