POLITIQUE – Pour ceux qui en doutaient, la campagne des élections municipales est bel et bien lancée. Ce mercredi 8 octobre, un violent clash a opposé Anne Hidalgo à Rachida Dati au Conseil de Paris. Les deux femmes, habituées à mettre en scène leurs désaccords tant politiques que personnels, se sont écharpées au sujet des notes de frais exorbitantes des maires d’arrondissement, révélées ces derniers jours par la presse.
« Je n’utilise pas l’argent des Parisiens ni pour des affaires personnelles, ni dans le cadre de mes fonctions, parce que j’estime que quand on gagne bien sa vie, ça n’est pas aux Parisiens de payer pour vous », a attaqué Rachida Dati en amont du Conseil de Paris, alors qu’elle est la plus économe des maires d’arrondissement selon les documents révélés par la mairie.
« Madame Dati est dans cette attitude depuis cinq ans. Plus c’est gros, plus ça passe, a répliqué Anne Hidalgo, visiblement agacée. Ses arguments et ses attaques ne passent plus. Le “tous pourris” ne passe plus ». Puis s’adressant directement à la ministre de la Culture : « Vous vous enorgueillissez de ne pas vivre au crochet de l’argent public. Mais je souhaite que Paris reste une ville dans laquelle les élus ne sont pas pris dans des intérêts privés, dont il refuse d’ailleurs de donner les noms. Il vaut mieux vivre avec ce que la loi prévoit que d’aller chercher du côté des intérêts privés. »
La maire de Paris, qui ne briguera pas un troisième mandat, fait ici clairement référence aux accusations de corruption et de trafic d’influence qui visent Rachida Dati. Laquelle est accusée d’avoir perçu, entre 2010 et 2012, 900 000 euros de prestation pour le compte d’une filiale de Renault-Nissan, sans y avoir réellement travaillé. Au même moment, en parallèle de ses activités d’avocate, elle disposait d’un mandat parlementaire puisqu’elle était députée européenne. Selon les juges d’instruction, cela « s’apparente à du lobbying » et semble donc « incompatible tant avec son mandat qu’avec la profession d’avocat ».
« Des risques de corruption », pointe Hidalgo
« Il y a des risques de corruption, puisque vous allez être jugée pour corruption en septembre 2026, lui a rappelé Anne Hidalgo en Conseil de Paris. Vous qui avez garde des Sceaux, vous devriez faire en sorte que la vérité soit connue des Parisiens et que les intérêts privés pour lesquels vous travailliez soient connus. En tout cas ici on le rappellera en permanence. » Rachida Dati ne fait pas mystère de sa volonté de conquérir Paris, et de faire basculer la capitale à droite après vingt-cinq ans de gestion socialiste.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV paru en juin 2025, elle est donnée en tête du premier tour, entre 28 % et 34 % selon les configurations. En face, le candidat socialiste Emmanuel Grégoire (en froid avec Anne Hidalgo) plafonnerait entre 14 % et 19 %.
Reste qu’en accusant indistinctement les maires d’arrondissement de présenter des notes de frais trop importantes, Rachida Dati oublie que les LR ne sont pas épargnés. Jeanne d’Hauteserre, maire LR du VIIIe arrondissement, a par exemple dépensé près de 36 000 euros en vêtements au titre de ses frais de représentation.
Ce bras de fer entre Hidalgo et Dati lasse en tout cas certains élus, tel que le conseiller écologiste Sylvain Raifaud, qui explique à la radio Ici : « La situation du pays est quand même gravissime, je crois qu’il faut qu’on sache ranger nos polémiques. » Pas de doute, les élections municipales ont bien commencé.
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