Devant Sébastien Lecornu, socialistes, écologistes et communistes ont réaffirmé qu’ils exigeaient la désignation d’un premier ministre de gauche. Ils ont par ailleurs répété que la suspension de la réforme des retraites était une ligne rouge absolue.
La gauche ne bouge pas d’une ligne. Reçus dans la matinée à Matignon, socialistes, écologistes et communistes – les Insoumis ont décliné l’invitation – se sont montrés inflexibles. Tous continuent d’exiger la nomination d’un chef de gouvernement de gauche, ainsi que la suspension totale de la réforme des retraites. La proposition en ce sens d’Élisabeth Borne, ministre macroniste historique qui avait porté le texte dans ses précédentes fonctions à Matignon, est venue renforcer leur position.
Reçue en premier, la délégation socialiste n’a pas cependant pas été convaincue. «Au moment où nous nous parlons, nous n’avons aucune assurance sur la réalité de cette suspension. Elle a été évoquée par la seule ministre de l’Éducation (Élisabeth Borne, NDLR). Personne à ce stade nous garantit que ce serait le cas», a indiqué Olivier Faure. «Cette histoire peut être un leurre complet», a expliqué, sceptique, le premier secrétaire, qui veut «être sûr que nous ne sommes pas face à une mascarade qui conduirait à beaucoup de déception».
«Nous sommes volontaires»
Face à la délégation socialiste, le premier ministre démissionnaire «s’est limité à prendre note de ce que nous réclamions», a déclaré le député de Seine-et-Marne, espérant qu’il en rende compte au président de la République dans la journée, le seul en mesure de procéder à la nomination d’un nouveau chef de gouvernement selon la Constitution. «Le projet de budget tel qu’il est présenté aujourd’hui n’est pas le nôtre», a martelé Olivier Faure, insistant sur sa volonté de «couper court à toutes les élucubrations d’un gouvernement commun avec la macronie» pour la gauche. «Ce que nous voulons : changer en profondeur ce budget», a-t-il répété.
Le premier secrétaire du PS a renouvelé son offre de service pour récupérer Matignon. «Il faut trouver une issue à cette crise. Nous sommes volontaires pour en être les artisans», a-t-il réitéré. Tout en ajoutant : «Nous avons dit au premier ministre que nous étions de ceux qui souhaitaient un déblocage de la situation.»
Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, s’est voulue encore plus affirmative. «Nous lui avons demandé très clairement un premier ministre de gauche et écologiste en lui disant qu’il n’avait tout simplement plus le choix», a-t-elle affirmé devant Matignon. «Renommer une énième fois un premier ministre issu du camp du président de la République serait une ultime provocation. Il ne tiendrait pas une minute. Ils le savent, tout le monde le sait», a insisté la patronne des Verts. En prévenant : «S’ils ne veulent pas le départ de Macron et la dissolution, il ne leur reste qu’une solution : la cohabitation».
S’il a lui aussi exigé un premier ministre de gauche, Fabien Roussel, le chef des communistes, a montré un peu de souplesse en reconnaissant que l’absence du recours à l’article 49.3 annoncé par Sébastien Lecornu était une bonne chose. Le maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) a néanmoins prévenu que, dans ces conditions, la réforme des retraites devait être de nouveau soumise «au vote des parlementaires une bonne fois pour toutes» afin de l’abroger.
Sébastien Lecornu doit s’exprimer au «20 H» de France 2 ce mercredi soir pour dresser le compte rendu de ces deux jours d’échanges avec les différentes forces politiques pour esquisser une sortie de crise. Si tant est qu’il y parvienne.