DÉCRYPTAGE – La réforme des retraites de 2023 a été vue par les institutions internationales comme un effort positif de l’État français pour maintenir sa trajectoire budgétaire. Sa suspension pourrait donc faire grincer des dents.

En évoquant publiquement une possible suspension de la réforme des retraites, Élisabeth Borne a lâché une petite bombe mardi soir. Si ces propos ont été applaudis à gauche, cette hypothèse pourrait faire grincer des dents les institutions et investisseurs internationaux. Une suspension de ce texte, adopté en 2023 à coups de 49.3 malgré une mobilisation historique, serait «un signal catastrophique d’un point de vue économique, alerte l’économiste Erwann Tison. «Ce qui me fait peur, c’est le taux d’intérêt à 10 ans  qui ne cesse de progresser, lentement mais sûrement», pointe-t-il. «Avec la suspension de la réforme des retraites, on risque de franchir une ligne rouge. C’est dangereux», abonde Éric Dor, directeur des études économiques à l’IÉSEG School of Management.

D’autant plus que les institutions européennes et internationales s’étaient montrées favorables à cette réforme des retraites, qui doit progressivement relever l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. L’agence de notation Moody’s prévenait même, en juillet 2024, que l’abrogation de ce texte et une baisse de la volonté gouvernementale de faire des économies pourraient avoir un impact négatif sur la notation de la France. Avant la réforme de 2023, la Commission européenne avait elle aussi encouragé l’État français à se pencher sur une réforme des retraites. En 2019, elle avait ainsi invité Paris à «réformer le système de retraite pour uniformiser progressivement les règles des différents régimes de retraite, en vue de renforcer l’équité et la soutenabilité de ces régimes».

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Le Figaro

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