Les photos publiées sur ses réseaux sociaux montrent Yannick Chenevard tout sourire devant l’ancien sous-marin nucléaire d’attaque Casabianca. En déplacement à Cherbourg le week-end dernier, le député toulonnais s’est rendu dans le port militaire du Cotentin et a pris la pose avec le pavillon noir à tête de mort du SNA, désarmé il y a deux ans.

But de la manœuvre : faire passer le message que, oui, « le Casabianca reviendra à Toulon ». Pas pour servir au sein de l’escadrille des bateaux noirs mais bien pour être transformé en musée.

Si l’idée n’est pas neuve, elle a le mérite de faire son chemin, assure Yannick Chenevard. « L’an dernier, Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, avait accueilli le projet avec enthousiasme et m’avait signifié le début du processus, rappelle-t-il. Après, nous n’ignorons pas qu’il y a encore de très nombreuses étapes avant de pouvoir ouvrir le Casabianca au public non loin de son ancien port-base ».

« Près du quai d’où a appareillé le Casabianca en 1942 »

Pour l’instant, le monstre d’acier n’est pas en capacité de pouvoir révéler aux curieux le secret de ses entrailles. Si son cœur nucléaire a été débarqué après son arrivée à Cherbourg en 2023, le compartiment du réacteur, contaminé, doit encore être découpé et remplacé par une tranche factice. Pas une mince affaire. Des aménagements seront aussi nécessaires pour transformer le bateau de guerre en pièce de collection. Enfin, et ce n’est pas la moindre des opérations, il faudra déplacer le sous-marin à Toulon, dans un écosystème à même de recevoir des visiteurs.

Où précisément ? « L’idéal serait qu’on puisse l’installer près du quai d’où a appareillé son illustre prédécesseur, le sous-marin Casabianca, quand il est parvenu à s’échapper du port de Toulon aux mains des Allemands, le 27 novembre 1942 », poursuit le parlementaire. La plaque commémorant cet acte héroïque se situe au siège de la Société des régates de Toulon, près de la piscine du Port-Marchand. Mais c’est sans doute de l’autre côté du stade nautique, sur le site de l’arsenal du Mourillon, au cœur du futur projet « Mayol à Pipady », que l’ex-SNA trouverait sa place.

Quant à savoir à quelle échéance, là encore, le flou est de rigueur. La Marine nationale prévient que « des études approfondies doivent être menées ». Yannick Chenevard parle, lui, d’un projet « au long cours ». Et ajoute, prudent : « Rien ne se fera avant dix ans ». Durée des travaux sur l’engin, temps de latence politique, déblocage d’une ligne budgétaire, délais administratifs et installation d’un lieu d’accueil approprié au pied du Faron expliquent cette lente gestation.

« L’exposer hors de l’eau »

Mais d’ores et déjà, nombreux sont ceux qui se réjouissent de la perspective de rejoindre Lorient, Cherbourg, Saint-Nazaire et Paris dans le club des villes françaises proposant un tel bateau-musée. C’est le cas de Jérôme Guérin. Le président et fondateur de l’association 800 tonnes/Renaissance, qui milite depuis plus de vingt ans pour qu’un tel projet voie le jour, se dit « ravi de voir que Toulon, berceau mondial des sous-marins, puisse enfin sortir de l’ornière. »

Ancien sous-marinier lui-même, ayant un temps servi sur le « Casa », Jérôme Guérin connaît le sujet sur le bout des doigts. Et nous livre quelques pistes sur ce que pourrait être la future attraction. « Il faudra l’exposer hors de l’eau déjà, posé sur une ligne de tins et si possible dans un bâtiment fermé, sinon c’est trop coûteux à entretenir. Deux accès autres que les panneaux situés sur le pont devront aussi être aménagés pour une visite accessible à tous. »

L’ancien maître d’hôtel des profondeurs, qui promet que « les associations vont se serrer les coudes pour la réussite de projet », estime le coût de cette mise en conservation, hors dénucléarisation, à 20 millions d’euros.

Le sous-marin Suffren, premier SNA du programme Barracuda, est entré au service actif l’an dernier.