Publié : 20h56 par Yann LAUNAY
Le quartier Villejean, à Rennes
Crédit : Yann Launay
Quelques jours après la fusillade de Rennes, la ministre chargée de la ville s’est rendue dans le quartier Villejean, ce mardi, là où un règlement de compte lié au trafic de drogue a fait quatre blessés, dont trois par balle, jeudi dernier. La ministre Juliette Méadel a rencontré des habtiants, à qui elle promet des moyens supplémentaires pour s’attaquer aux problèmes de fond.
Jeudi dernier (17 avril) le quartier Villejean, à Rennes, a été le théâtre d’une nouvelle fusillade sur fond de narcotrafic : des tireurs n’ont pas hésité à ouvrir le feu à l’arme lourde dans une salle de restaurant, en pleine journée. Depuis, des renforts de police sécurisent le quartier. Mais pour Juliette Méadel, ministre chargée de la ville, il faut aussi adapter les moyens éducatifs et sociaux, dans les quartiers prioritaires, pour prendre le problème « à la racine » : « Je viens avec des propositions pour soutenir les mères de famille seules, pour soutenir leurs enfants, pour les encadrer. J’ai renforcé les moyens de ce qu’on appelle les adultes relais, c’est la présence de médiateurs et des associations, parce qu’il faut aussi permettre aux enfants d’avoir une occupation, un encadrement, pour éviter qu’ils ne tombent dans la spirale de ces trafics de drogue. Tout se joue entre 9 ans et 13 ans, et là si on est présent, nous, pouvoirs publics, pour l’école, pour l’éducation culturelle, pour le sport, et pour les troubles psychiques, on pourra éviter, et prévenir, une large partie du trafic de drogue. »
Rennes Fusillade Villejean Juliette Méadel Rennes Fusillade Villejean Juliette Méadel
Juliette Méadel, ministre chargée de la ville
Le restaurant Subway de Villejean, où des coups de feu avaient été tirés, a rouvert ses portes, ce mardi. Des impacts de balles sont encore visibles dans la salle. Le gérant, Patrick Réty, a vu le narcotrafic se développer, ces dernières années, et l’insécurité progresser. Mais malgré l’épisode de jeudi dernier, il assure que l’idée de fermer son restaurant ne lui est pas venue à l’esprit : « Il y a eu effectivement un épisode effroyable. J’ai fermé le restaurant vendredi, samedi, dimanche et lundi. Je l’ai fait pour l’équipe, pour qu’ils se reposent. On a mis en place une cellule psychologique pour les équipiers, et on a réouvert ce (mardi) matin, et tout le monde est ravi de rouvrir. On est bien intégrés dans le quartier, les gens nous apprécient, ils viennent très souvent ici. On a les étudiants qui effectivement viennent moins, ils ont peur, mais ça fait 20 ans qu’on est là, et j’espère qu’on restera encore 20 ans. »
Rennes Fusillade Villejean Patrick RétyRennes Fusillade Villejean Patrick Réty
Patrick Réty, gérant du Subway de Villejean
Parmi les clients du Subway, au moment de la fusillade, se trouvait Nicolas Boucher, conseiller municipal de Rennes et président du Modem d’Ille et Vilaine. Il s’est jeté à terre quand les tirs ont commencé, avant de porter secours aux blessés. Pour l’élu, il y a urgence à agir pour enrayer la violence et le narcotrafic, et Nicolas Boucher en est convaincu, il est encore possible d’inverser la tendance. « J’entends dire : les jeunes des quartiers, c’est tous des choufs, et c’est faux, ça reste très minoritaire. Les jeunes des quartiers, c’est des jeunes qui vivent ici parce que leurs parents vivent ici, et ils font les activités qu’on leur propose. Donc il y a la sécurité, c’est primordial, mais on a deux jambes, et la deuxième jambe, c’est : qu’est-ce qu’on propose, aujourd’hui ? Alors évidemment, je suis président d’un club de sport, donc naturellement, c’est qui va me venir plus facilement à l’esprit : beaucoup plus d’équipements sportifs. Il y a des gens qui ne font pas d’activité non pas parce qu’ils ne veulent pas en faire, mais parce qu’il n’y a plus assez de place pour eux. Moi c’est vraiment les alternatives dans nos quartiers pour que les jeunes puissent avoir des occupations et ne pas rester à tenir la dalle, à tenir le pavé, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. »
Rennes Fusillade Villejean Nicolas BoucherRennes Fusillade Villejean Nicolas Boucher
Nicolas Boucher, conseiller municipal et témoin de la fusillade
Régine Komokoli, habitante de Villejean
Crédit : Yann Launay
La ministre Juliette Méadel a été interpellée par des habitants, des mères de familles, principalement, avec parmi elles : Régine Komokoli, qui a participé dimanche à l’organisation de la chaîne humaine contre les violences. Cette maman de 3 enfants vit à Villejean depuis plus de 20 ans, elle veut y rester mais attend une réaction de long terme des autorités, à commencer par le retour d’une véritable police de proximité : « La sécurité, c’est un droit pour tout le monde, donc nous on veut la police de proximité, la police qui nous ressemble, la police qui prévient, et c’est vraiment une demande des gens du quartier. La deuxième chose, c’est des moyens : plus de moyens pour les associations, pour l’éducation populaire, parce qu’on parle de nos jeunes, de nos enfants. C’est ma vie, ici, et je n’ai pas envie de partir, ce n’est pas à moi de déloger. On va se battre, et c’est ce que je demande à tous mes voisins, tous les habitants de ce quartier : restez, on va se battre ensemble, pour renvoyer cette merdre loin de nous, c’est à dire la drogue.«
Rennes Fusillade Villejean Régine Rennes Fusillade Villejean Régine
Régine Komokoli, habitante de Villejean
Les tireurs présumés ont été mis en examen et écroués : quatre hommes entre 21 et 23 ans, connus pour de multiples délits liés au trafic de drogue. Deux sont originaires de Tours, un autre de Marseille et le quatrième de région parisienne. Trois des suspects sont mis en examen pour tentative de meurtre et association de malfaiteurs, ils encourent une peine de prison à perpétuité.