Le suspect a été arrêté fin septembre à Varsovie.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a indiqué que son gouvernement ne voyait « aucun intérêt » à extrader un ressortissant ukrainien soupçonné d’avoir participé au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en mer Baltique, en septembre 2022. 

Le suspect, identifié par les autorités allemandes sous le nom de Volodymyr Z., a été arrêté fin septembre près de Varsovie sur la base d’un mandat d’arrêt européen. Selon le parquet fédéral allemand, il aurait pris part à une opération de plongée ayant conduit à la destruction de trois des quatre conduites des gazoducs Nord Stream, situés dans la zone économique danoise au large de Bornholm. Ces installations, exploitées par le consortium dirigé par Gazprom, représentaient une capacité combinée de 110 milliards de m³ de gaz par an.

Les enquêteurs allemands soupçonnent l’homme d’avoir participé à la location d’un voilier utilisé pour transporter des explosifs jusqu’au site du sabotage. Le tribunal de district de Varsovie a ordonné une détention provisoire prolongée à 40 jours, le temps d’examiner la demande d’extradition déposée par Berlin. 

Dans ses déclarations publiques, Donald Tusk a souligné que la question n’était pas seulement judiciaire mais politique : « Le problème de l’Europe, de la Pologne, de la Lituanie et de l’Ukraine n’est pas que Nord Stream 2 ait été détruit, mais qu’il ait été construit », a-t-il déclaré. Il a aussi rappelé l’opposition historique de Varsovie au projet gazier, jugé contraire aux intérêts de sécurité régionale.

Les tensions autour de Nord Stream dépassent le cadre de la procédure d’extradition. L’explosion de 2022, qui a endommagé trois conduites sur quatre, avait déjà mis en lumière la vulnérabilité des infrastructures énergétiques sous-marines européennes. Depuis cet incident, plusieurs États riverains de la Baltique, dont la Finlande, la Suède et l’Estonie, ont renforcé la surveillance de leurs câbles de communication et pipelines, en coopération avec l’OTAN.

Le suspect ukrainien nie toute participation aux faits. Aucune décision définitive n’a encore été prise par la justice polonaise sur la demande d’extradition allemande, qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

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