Selon Médecins du Monde 85 % des femmes enceintes à Gaza sont exposées à des risques durant la grossesse.

OMAR AL-QATTAA / AFP

Selon Médecins du Monde 85 % des femmes enceintes à Gaza sont exposées à des risques durant la grossesse.

GAZA – C’est l’autre crise humanitaire à Gaza. Deux ans après le début de l’offensive, l’organisation Médecins du Monde dénonce dans un rapport publié ce mercredi 8 octobre « les entraves systématiques mises en œuvre par le gouvernement israélien à l’accès des femmes et des filles aux soins de santé sexuelle et reproductive à Gaza ».

Pour ce rapport, l’organisation a recueilli les données des centres de soins de santé primaires dans la ville de Gaza et dans les zones du centre et du sud de la bande de Gaza, entre mai 2024 et août 2025.

Concrètement, Médecins du Monde affirme que 36 % des consultations réalisées sur le territoire palestinien « concernaient des infections génitales liées au manque d’eau et d’hygiène, et au coût élevé des protections menstruelles ». Selon l’organisation, un paquet de serviettes hygiéniques coûte au minimum « 15 dollars » à Gaza, où l’aide humanitaire peine à entrer et à être distribuée. « Certaines femmes nous rapportent devoir utiliser des bouts de tissus usagés comme protection par exemple », poursuit le rapport.

L’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA) souligne également qu’à Gaza « les femmes et les filles sont contraintes de gérer leurs règles sans eau potable, sans savon, sans fournitures et même sans intimité. Beaucoup décrivent désormais les menstruations comme une source d’anxiété et d’isolement ».

Une hausse de 300 % des fausses couches

En août dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’état de famine à Gaza. Médecin du Monde estime que les femmes enceintes sont « les premières victimes » de cette situation. Selon le rapport, « 85 % des femmes enceintes [à Gaza] risquent de subir des complications au cours de leur grossesse ».

L’ONG souligne également que les « fausses couches ont augmenté de 300 % » sur la période étudiée. « Ce sont des conséquences directes du conflit, du manque d’accès à la contraception et d’accès à l’avortement, ainsi que l’absence de suivi de grossesse », développe le rapport, selon lequel « en s’attaquant à la santé des femmes et des filles, les autorités israéliennes anéantissent aussi l’avenir de tout un peuple ».

Depuis plusieurs jours, des négociations sont menées en Égypte autour du plan proposé par Donald Trump pour mettre un terme à l’offensive à Gaza et libérer la totalité des otages enlevés le 7 octobre par le Hamas. Dans ce contexte, Médecins du Monde rappelle que lors du dernier cessez-le-feu à Gaza, en janvier 2025, « les infections ont chuté de 50 % et les consultations prénatales ont augmenté ».

L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont toujours otages à Gaza dont 25 sont mortes selon l’armée. En riposte, Israël a lancé une campagne militaire qui a dévasté le territoire palestinien, provoqué un désastre humanitaire et fait selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67 183 morts, en majorité des civils.