D’un côté, un président de la République qui voit tomber les uns après les autres ses gouvernements successifs. De l’autre, une présidente de la Commission européenne fragilisée, visée par des motions de censure de plus en plus nombreuses, dont deux qui seront soumises au vote du Parlement européen, ce jeudi. Il n’en fallait pas plus pour qu’une théorie croisée émerge sur les réseaux sociaux.

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Selon plusieurs internautes, la destitution d’Ursula von der Leyen ne ferait aucun doute, laissant ainsi vacante la présidence de la Commission européenne. Une place qui serait, au vu des derniers événements, particulièrement convoitée par Emmanuel Macron. Hypothèse plausible ou vaste fumisterie ?

FAKE OFF

Le 9 octobre, c’est la deuxième fois en quatre mois sur six ans de mandat – Ursula von der Leyen a été reconduite le 18 juillet 2024 pour la deuxième fois –, que la présidente de la Commission va devoir faire face, à nouveau, à une tentative de destitution de la part d’une partie des eurodéputés. Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, elle est notamment accusée d’avoir joué le jeu de Donald Trump en acceptant de signer un accord commercial avec les Etats-Unis, prévoyant 15 % de taxes sur les exportations européennes.

Deux motions de censure consécutives ont donc été déposées début septembre, portées par deux Français : l’une par l’eurodéputé RN, Jordan Bardella, soutenu par le groupe des Patriotes pour l’Europe dont il est le leader au Parlement européen, l’autre par la LFI, Manon Aubry, coprésidente du groupe de La Gauche (GUE/NGL).

Mais en réalité, bien que la situation soit assez exceptionnelle au vu des dix dernières années, la chute de la Commission européenne a peu de chance de se produire. Une dizaine de tentatives ont déjà été menées depuis 1999, mais aucune motion n’a jamais été adoptée jusque-là.

Une présence « plus forte » de l’extrême droite

« C’est pourtant du jamais vu dans l’histoire de l’Union Européenne, insiste Marie Toussaint, eurodéputée écologiste (Les Verts/ALE). Que ce soit en matière de rapidité, à peine un an après une réélection, qu’en termes de récurrence, avec ces trois motions de censure depuis le mois de juillet ». Pour l’écologiste, cette séquence reflète surtout « une forme d’instabilité qui touche un nombre croissant d’États européens, et un moment de grand bouleversement politique ». Même si, selon Tania Racho, docteure et enseignante en droit européen, le timing est aussi et surtout dû à « une présence plus forte et mieux organisée de l’extrême droite au sein du Parlement ».

Car pour pouvoir être déposée, la motion de censure doit être initiée par au moins un dixième des députés européens. Soit 72 sur les 720 que compte actuellement le Parlement. Un chiffre plus facilement accessible pour le parti de Jordan Bardella qui compte 85 eurodéputés dans son groupe, que pour celui de Manon Aubry qui n’en compte que 46. « Il fallait qu’elle réunisse des signatures d’autres groupes politiques en plus du sien. Donc il y a eu beaucoup de signatures de beaucoup de pays différents avec, forcément, des ressorts eux aussi différents », explique Marie Toussaint.

Une présidente aux soutiens solides

Si jamais l’une des deux motions de censure était finalement adoptée, elle entraînerait la démission de la Commission européenne, dont sa présidente. Comme lors de la démission du gouvernement en France, ses anciens membres resteraient tout de même en fonction pour gérer les affaires courantes jusqu’à ce qu’une nouvelle Commission soit nommée.

Un scénario néanmoins peu probable, aujourd’hui. Car, pour espérer renverser la Commission, la motion de censure doit recueillir deux tiers des suffrages exprimés qui doivent représenter la majorité du Parlement européen. Un chiffre difficile à atteindre au vu des soutiens centristes solides dont bénéficie von der Leyen. « Il y a beaucoup de tractations politiques au sein du Parlement européen, et une majorité du groupe PPE (Parti populaire européen) est prête à soutenir sa présidente », détaille Tania Racho. « Même si aucune des deux motions n’a de chance d’aboutir, confirme Marie Toussaint, c’est un signal fort ».

Le Conseil européen plutôt que le Parlement

L’Allemande de centre-droit avait déjà échappé à une première tentative de destitution en juillet dernier. La motion de censure déposée par l’eurodéputé roumain d’extrême droite, Gheorghe Piperea, membre du groupe ECR (Conservateurs et réformistes européens), avait été largement rejetée par le Parlement, lors d’un vote le 10 juillet.

Quant à la probabilité qu’Emmanuel Macron prenne la place d’Ursula von der Leyen, elle est quasi nulle, la présidente de la Commission ayant donc très peu de chance d’être destituée, et le chef de l’Etat n’ayant jamais fait part d’un tel projet. Et même si rien ne s’y oppose d’un point de vue institutionnel, « bien souvent, les anciens présidents deviennent plutôt présidents du Conseil européen », précise Tania Racho.