Caen contre Caen. Ce vendredi 10 octobre, le Stade Malherbe Caen honorera son plus court déplacement : environ 200 m pour se rendre sur un de ses terrains d’entraînement pour affronter son voisin de l’Avant Garde caennaise au 5e tour de la Coupe de France. « Je suis au Malherbe Normandy Kop depuis 1988 et je n’ai pas souvenir d’un pareil derby caennais », s’amuse Olaf, président du principal groupe de supporters du SM Caen. Une fête des voisins entre le « petit » AG Caen (Régional 1, 6e échelon national) et le SMC (National 1, le 3e échelon hexagonal).
« Des cris de joie »
« Quand le tirage au sort a eu lieu, j’ai entendu des cris de joie dans les locaux, témoigne Sébastien Mazure, entraîneur adjoint du club amateur et ancien buteur aux plus de 130 matchs sous le maillot… malherbiste dans les années 2000. Dès le tour précédent, on pensait à ce match potentiel contre le SM Caen, qui reste LE club pro de la région. Et le destin s’en est mêlé. »
Le 5e tour de la Coupe de France voit l’entrée en lice des clubs de National 1. En tombant à cet échelon pour la première fois depuis 40 ans, le club phare calvadosien doit ferrailler en coupe plus tôt qu’à son habitude. Ces dernières saisons, le SM Caen s’était déplacé sur des pelouses amateurs dans le Nord, en Bretagne ou encore en Île-de-France. Le voilà cette fois, pour ainsi dire, à la maison, bien qu’officiellement en déplacement. « Le tirage au sort idéal », souffle-t-on au club.
Ironie de l’histoire, l’AG Caen dispute ses matchs à domicile au stade de Venoix-Claude Mercier, antre historique du… SM Caen jusqu’à l’inauguration du stade d’Ornano à 800 m de là. Théâtre de son unique match européen face à Saragosse le 15 septembre 1992. Entre les deux enceintes, le complexe d’entraînement où se jouera le match de vendredi. Une histoire de coupe dans un dé à coudre. « On aurait aimé jouer vendredi au stade d’Ornano mais le coût est trop important pour un club comme le nôtre, au budget d’environ 350 000 euros », indique le président de l’Avant Garde, Cyril Deloffre, arrivé cette saison à la tête du club.
Quelque 1 300 personnes sont attendues pour la rencontre, qui fera le plein pour « une fête du foot avant tout. Ce sont deux clubs d’une même ville. On est dans l’ultra proximité. On sait même que parmi les membres du Malherbe Normandy Kop, il y a des gens qui jouent ou sont proches de l’AG Caen », s’amuse Olaf.
« Ce derby dépasse tout »
Quelques joueurs de l’AG Caen ont même fait leurs gammes au Stade Malherbe. « Ils sont passés par le centre de formation. Ça amène du piquant et ça donne une envie supplémentaire de faire bonne figure », relaie Sébastien Mazure. Ce dernier a lui-même marqué les esprits de bon nombre de supporters malherbistes par sa fidélité et ses buts mais assure « que le temps passe. Ça ne me fait pas grand-chose. Je suis surtout heureux pour nos joueurs. Ce derby nous aide en créant de l’engouement ».
« Ce derby dépasse tout », ose son président Cyril Deloffre. On parlait de passerelles entre les deux clubs ? Cyril Deloffre est, à titre personnel, partenaire du… SM Caen, « club phare de la région ».
Le Stade Malherbe fera face à un « club en reconstruction », comme tous en conviennent, riche de plus de 500 licenciés, par ailleurs très engagé dans le football féminin (170 joueuses). « De l’extérieur, on pouvait avoir l’image d’un club qui n’a qu’une équipe première, où les joueurs ne font que passer, glisse Cyril Deloffre. Mais en arrivant ici, j’ai découvert un fort attachement en interne, avec des éducateurs et des bénévoles fidèles depuis de longues années. Humainement, c’est un beau club avec un ADN de jeu agréable commun à toutes ses équipes. »
L’AG Caen est toutefois tombée en Régional 1 et c’est avec son tout jeune nouveau cycle qu’elle trouve Malherbe sur son chemin. « On ne veut pas faire de la figuration, prévient Sébastien Mazure. Il y a une grosse différence de niveau mais on veut leur poser des problèmes. »
En face, le Malherbe Normandy Kop poussera les siens derrière la main courante et n’envisage pas autre chose qu’une victoire des favoris. En cas d’exploit, la fête des voisins serait totale pour le petit mais tournerait au vinaigre pour le gros. En attendant les pronostics, c’est déjà la fête du foot caennais.