Invité surprise en Top 14 cette saison, le club du Tarn-et-Garonne connaît des débuts difficiles pour son retour dans l’élite. Mais l’USM croit dur comme fer au maintien et entend faire déjouer les pronostics.
De l’euphorie d’une épopée fabuleuse en Pro D2 à la dure réalité du Top 14. Montauban, en se hissant à la surprise générale dans l’élite du rugby pro français, se doutait que les choses allaient être dures. Plus que compliquées. Et que l’opération maintien relèverait d’un petit miracle. Les premiers résultats n’ont fait que confirmer les prédictions : après cinq journées, l’USM n’a glané que deux points, à la faveur d’un nul concédé sur le fil face à Montpellier (22-22). «On a un groupe qui est estampillé Pro D2, qui n’a pas été changé, on n’a eu que deux recrues après le titre. On savait que ça allait être difficile, reconnaît le manager tar-et-garonnais Sébastien Tillous-Borde. Mais je ne suis pas trop inquiet. On va travailler fort pour gagner nos matchs à la maison.»
Et l’ancien demi de mêlée international (19 sélections), qui a notamment évolué à Castres et Toulon, de faire les premiers comptes : «On est passés très proche contre Lyon, très proche contre Montpellier. Maintenant, contre Castres ce week-end, il faut gagner le match. On a le caractère. Le groupe a vécu des choses la saison dernière, des émotions fortes vers le haut, vers le bas. On est capables sur une saison, d’aller chercher ce qu’on a envie de chercher, le maintien. Donc on va s’accrocher et on va le faire.»
Il faut changer cet état d’esprit à l’extérieur. On ne peut pas prétendre à se maintenir en Top 14 en prenant 200 points comme sur les trois derniers matches
Jérôme Bosviel
Un credo partagé par l’ouvreur Jérôme Bosviel, icône de la Pro D2 depuis son arrivée à l’USM en 2016. «On ne va pas abandonner et se dire qu’on descend en Pro D2 au bout de la cinquième journée. On a vu sur les quatre premières journées, même à Clermont (malgré le lourd revers 84-31, NDLR), qu’on peut mettre notre jeu en place, mettre à mal les meilleures équipes de France et d’Europe. Donc on va garder cette envie de jouer, mais on va essayer de gommer le plus rapidement possible nos erreurs, surtout défensives, pour exister dans le Top 14», positive, à 35 ans, celui qui a été élu meilleur joueur du dernier exercice en deuxième division.
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Avec évidemment des réglages à trouver. «On a deux visages. Celui à domicile où l’on montre un bon Montauban et on mérite peut-être plus de victoires que de matchs nuls ou de défaites. Mais il faut changer aussi cet état d’esprit à l’extérieur. On ne peut pas prétendre à se maintenir en Top 14 en prenant 200 points comme sur les trois derniers matches», pointe du doigt l’ouvreur montalbanais.
Le Petit Poucet de l’élite – avec son maigre budget de 14 millions d’euros (loin derrière les 23 M€ de Perpignan, 13e) – n’entend pas baisser les bras. Et jouer les victimes expiatoires pour les gros bras du Top 14. «S’il y en a qui se découragent, j’arrête d’entraîner, sourit Sébastien Tillous-Borde. On n’en est qu’à la cinquième journée. La première chose qui a été peut-être difficile pour nos joueurs, quand on va jouer à l’extérieur, cela a été d’arriver à prendre la mesure de ce Top 14. De ne pas trop « bader » (admirer) les équipes en face et les grands stades…»
Sébastien Tillous-Borde et ses adjoints, élus meilleur staff de Pro D2 en 2024-2025.
LNR
Et le technicien de 40 ans d’insister : «C’est une équipe qui va beaucoup apprendre cette saison. Je sais qu’au fond, mes joueurs sont capables de le faire, donc on doit aller chercher ça. C’est mon rôle, le rôle du staff, d’aller chercher ça et de leur permettre de chercher ça.»
Le champion de Pro D2 a dû vite digérer les agapes du titre de la deuxième division et se préparer à sa première remontée depuis 15 ans. «Le Top 14, ce sont des joueurs qui sont plus costauds, ça va bien plus vite, donc il a fallu se préparer assez rapidement, reconnaît Jérôme Bosviel. On a eu un mois de vacances, mais on a switché très rapidement sur le Top 14 parce qu’on n’a pas envie de faire de la figuration dans le plus beau championnat du monde.» D’aucuns avancent néanmoins que le championnat de France est déjà devenu à un Top 12, avec Montauban et Perpignan condamnés aux deux dernières places.
Aujourd’hui, il y a le championnat de Perpignan et de Montauban, c’est ce que disent les médias. Ils ont peut-être raison, ils ont peut-être tort.
Sébastien Tillous-Borde
«Je peux comprendre cela, c’est normal, acquiesce le manager montalbanais. Aujourd’hui, il y a le championnat de Perpignan et de Montauban, c’est ce que disent les médias. Ils ont peut-être raison, ils ont peut-être tort. Ce qui est important, c’est qu’à l’intérieur du groupe et dans notre staff, on ait notre vision, qu’on ait notre objectif à atteindre et qu’on l’atteigne.»
Le tout est de savoir si la débâcle historique concédée sur la pelouse de l’ASM aura laissé des traces, avant la réception déjà cruciale de Castres samedi à Sapiac. «On a débriefé lundi matin, ça a été un peu dur, un peu rude. Mais c’est comme dans tous les clubs quand on perd, et quand on perd de cette manière, reconnaît Sébastien Tillous-Borde. Maintenant, on va bien construire notre match, on a des entraînements mardi et mercredi, et je sais déjà que les joueurs sont prêts avant qu’ils s’entraînent. On va mettre l’intensité qu’on doit mettre pour gagner ce match.»
Jérôme Bosviel, aux côtés de Richard Gasquet, reçoit son prix de meilleur joueur de Pro D2 à la Nuit du Rugby.
FEP / Icon Sport
Et Jérôme Bosvial de marteler : «Montauban est une ville forte du rugby français. Tout le monde connaît Sapiac. On est montés en Top 14, le club n’était pas prêt, mais maintenant qu’on y est, on va essayer de tout faire pour y rester. L’objectif, c’est de se maintenir.» Dans sa quête folle, Montauban a déjà deux points d’avance au classement sur Perpignan, lanterne rouge qui se traîne à zéro point et qui, en plus, a déjà piqué sa crise en se séparant de deux membres de son staff.
L’USM connaît aussi des remous avec l’affaire entre son capitaine Fred Quercy et le sélectionneur national Fabien Galthié. Mais «cela n’affecte pas le groupe parce qu’on a du monde, avance Tillous-Borde. Fred, c’est quelqu’un qui dit les choses comme il les pense, donc il n’a pas trop de filtres. C’était peut-être une erreur de le dire de cette manière-là. Maintenant, il me tarde qu’il reprenne parce qu’on en a besoin. On a besoin de tout le monde, de toutes nos forces vives, que ce soit Fred ou les autres. Pour moi, maintenant, c’est une affaire qui est derrière moi.»
Le manager sapiacain en profite pour titiller son capitaine, qui passera devant la commission de discipline le 15 octobre : «Il est focus, il veut rejouer. Ça fait quatre semaines qu’il n’a pas joué. Il a envie de jouer malgré ses 34 ans. Je crois qu’il aimerait faire 20 ou 25 matchs par an mais j’essaie de le retenir un peu parce qu’il est vieux. Il est un peu fatigué, donc on va l’avoir frais pour ce week-end !»