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Rédaction Rennes

Publié le

9 oct. 2025 à 12h51

Le tribunal correctionnel de Rennes a jugé, mardi 7 octobre 2025, quatre hommes âgés de 21 à 41 ans qui ont pris part à un trafic d’héroïne au 4, place du Banat, dans le quartier du Blosne à Rennes (Ille-et-Vilaine), et qui avait donné lieu à deux épisodes de fusillades en décembre 2023. L’enquête ouverte en avril 2023 suite à « des observations multiples » sur la place du Banat a bien failli ne jamais arriver jusqu’à la justice.

Un dossier « qui a du plomb dans l’aile »

En janvier 2024, alors qu’une opération d’envergure avait été mise en place pour interpeller une quinzaine de trafiquants de drogue du Blosne, mobilisant 160 fonctionnaires déployés au niveau du parking du Castorama de Saint-Jacques-de-la-Lande, une voiture balisée par la police était arrivée au niveau des enquêteurs pour narguer des forces de l’ordre, qui avaient dû lever le camp.

À l’époque, « on pense que ce dossier a du plomb dans l’aile », souligne d’ailleurs le président du tribunal, au premier jour de ce procès, où comparaissent cinq hommes de Rennes et Montreuil-le-Gast pendant deux jours;

L’enjeu est pourtant de taille : quelques semaines plus tôt, les 6 et 9 décembre 2023, les armes ont parlé, au point que les images dignes de scènes de guerre feront la une des chaînes d’information en continu durant plusieurs jours.

« Le temps que la police monte, on a le temps de voir venir »

Quelques mois plus tard, pourtant, les enquêteurs rennais constatent que le trafic « se réorganise et continue » : des consommateurs d’héroïne vont être entendus. Certains expliquent alors qu’après avoir « dépensé » tout leur argent dans la consommation de ce puissant opioïde aux « risques addictifs très rapides », ils ont fini par accepter de « travailler » pour les trafiquants, parfois quitte à travailler « 24h/24 » sans dormir, avec « de la coke pour pouvoir tenir », contre une rémunération sous forme de doses d’héroïne.

Certains d’entre eux ont ainsi pris des fonctions « au 7ᵉ étage » d’une tour située sur la place du Banat. Pourquoi si haut ? « Le temps que la police monte, on a le temps de voir venir », dira une petite main de ce trafic.

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Une toxicomane, elle, avait dû « faire le ménage » dans l’appartement, puis « découper » la marchandise pour la confectionner en « bonbonnes », en échange de sa « consommation ».

Deux frères « nourrices »

Jimmy et Jonathan, deux frères de 39 et 41 ans bien connus de la justice et qui vivaient en colocation à Montreuil-le-Gast, ont ainsi servi de « nourrices ». Ils comparaissent détenus aux côtés d’Adam, 27 ans, dit « Doums » et considéré par l’accusation comme un « superviseur ».

En sept mois, le jeune homme a ainsi changé « 18 fois » de lignes téléphoniques, réalisé « 29 trajets » suspects entre juin 2023 et janvier 2024 à Laval (Mayenne), Angers (Maine-et-Loire), Villejuif (Val-de-Marne), Courbevoie (Hauts-de-Seine), Noisy-le-Sec, Montreuil, Bagnolet (Seine-Saint-Denis) ou encore dans le Val-d’Oise : à chaque déplacement réalisé en pleine nuit, le Rennais marquait des arrêts de quelques minutes avant de repartir.

Juste après les fusillades de décembre 2023 – qui font l’objet d’une information judiciaire distincte -, le jeune homme coutumier des hôtels en banlieue rennaise laissera entendre dans une conversation avec sa compagne interceptée par les enquêteurs qu’on lui avait « volé deux trucs ». « Heureusement qu’il n’y a pas eu de mort », dira par ailleurs celui qui avait pris la fuite après les tirs, et qui sera interpellé à Dinard (Côtes-d’Armor) bien plus tard, en juin 2024.

Prison ferme

Mardi 7 octobre 2025, la procureure de la République avait requis la peine la plus haute à son encontre, à savoir « six à sept ans » de détention. Adam a finalement écopé de six ans de prison ferme. « Vous encouriez vingt ans de prison et vous veniez d’être condamné lorsque vous avez commis les faits », lui a expliqué le président.

Les deux frères « nourrices » écopent de deux ans et deux ans et demi de prison ferme. À l’issue, ils seront soumis à un sursis probatoire pendant deux ans, durant lesquels ils auront obligation de suivre des soins, de travailler et de fixer leur résidence. Le « missionnaire » du trafic écope, lui, de deux ans de prison ferme. Avec la détention provisoire déjà effectuée, ces trois-là devraient sortir d’ici à quelques semaines.

Un autre homme relaxé

Un cinquième homme de 26 ans, Akram, a pour sa part été totalement relaxé, conformément à ce qu’avaient sollicité ses avocats, Mes Clarisse Serre et Jérôme Stéphan.

Lors de sa plaidoirie, la pénaliste de Bobigny avait chirurgicalement démonté chacun des éléments accusatoires de ce dossier dans lequel le jeune homme – absent lors du procès – était soupçonné d’être une tête de réseau. Tous ont dix jours pour faire appel, le parquet de Rennes y compris.

CB (PressPepper)

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