Vainqueur du tour du monde en janvier dernier alors qu’il était atteint d’un cancer, le Normand a évoqué sa terrible maladie et parlé d’avenir lors de l’émission «Points de Vue» sur Le Figaro TV.
Il n’a jamais été très épais, du genre filiforme. Mais là, il faut reconnaître que le visage est bien émacié. « J’ai perdu dix kilos de muscle », nous confie Charlie Dalin, de passage dans les locaux du Figaro, ce jeudi, pour participer à l’émission Points de Vue (Le Figaro TV). Et le sien est évidemment intéressant, mais aussi émouvant, en ce jour de parution de son livre La force du destin (édition Gallimard), qui revient sur sa victoire lors du Vendée Globe 2024-2025 et révèle qu’il a dû disputer ce tour du monde avec un cancer et un traitement d’immunothérapie.
Interrogé pendant plus d’un quart d’heure par Thimothée Dhellemmes, le Normand a raconté le « choc » qui a été le sien en apprenant la nouvelle de sa maladie en 2023, cinq jours avant le lancement d’une course et son combat pour malgré tout être au départ du Vendée Globe, déjà « une grande victoire », avec l’accord de son médecin à l’institut Gustave Roussy. Et avec au bout de son aventure humaine hors norme, une incroyable « double victoire » à l’issue d’un bras de fer de légende avec Yoann Richomme. « A l’arrivée, j’ai été à deux doigts d’en parler en conférence de presse, a détaillé le skipper du monocoque Macif, mais au dernier moment, je me suis dit que ce n’était pas le moment, que je voulais profiter de ma victoire telle qu’elle était. On a parlé du sportif, parler de la course, parler du record, mais pas parler de ça. » La proposition de Gallimard d’écrire un livre, avec le journaliste de renom Didier Ravon, aura été le déclencheur et le « bon format » pour révéler ce cancer et ce « pamplemousse de 15 centimètres » découvert sur son intestin.
Je suis toujours sous traitement, malheureusement la maladie est revenue sous une forme un petit peu différente.
Charlie Dalin
A la question, « où en êtes-vous dans votre traitement face à cette maladie aujourd’hui ? », Charlie Dalin a répondu : « J’ai été opéré à six semaines après l’arrivée, et quand je me suis réveillé de l’opération, j’ai vraiment senti à la fois le poids de l’opération qui se rajoutait au poids de la fatigue du Vendée globe. C’est un écart vraiment vertigineux entre l’apogée de ma carrière de sportif. Et six semaines plus tard, me retrouver vraiment à surmonter cette grosse plus grosse difficulté en termes de santé. Je suis toujours sous traitement, malheureusement la maladie est revenue sous une forme un petit peu différente. Donc je suis un traitement un petit peu plus lourd, cela reste de la thérapie ciblée. Mais ça me fatigue peut-être un peu plus que le médicament que j’avais sur le Vendée Globe ».
Le Normand reconnaît que si « cette maladie (lui) a permis d’apprendre à relativiser les enjeux du sport » et à « naviguer détaché mais plus déterminé que jamais malgré tout », elle l’a obligé pendant son Vendée Globe triomphal à « vraiment dormir le plus souvent possible. Dès que j’avais une minute de calme, je voulais aller m’allonger et dormir. J’ai enregistré mes temps de sommeil, et sur la moyenne du tour du monde, j’ai dormi 6h30 par 24 heures, ce qui est beaucoup plus élevé que la moyenne des coureurs. Ça m’a permis de tenir sur la longueur (…) Je n’ai pas été amoindri à part ces questions de sommeil ». Et d’ajouter : « Je ne me suis pas vraiment préoccupé de la maladie pendant la course, je l’ai un peu oublié ».
La porte pas fermée à la Route du Rhum 2026
Questionné sur le présent et l’avenir, Charlie Dalin a reconnu qu’il vivait une année 2025 « compliquée ». « J’ai dû mettre ma carrière entre parenthèses. J’espère que je pourrais reprendre le plus rapidement le chemin des courses. Je prendrai la décision cet hiver si oui ou non je participerais à la Route du Rhum 2026. Ce qui est sûr aujourd’hui, malheureusement c’est que dans l’état actuel de la recherche de la science, ce n’est plus possible pour moi de participer au Vendée Globe. Donc je sais déjà que je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2028 ». La porte n’est donc pas totalement fermée pour la prochaine Route du rhum : « Autant un tour du monde, c’est une exigence particulière, autant une traversée de l’Atlantique, c’est un peu un tout petit peu moins engageant. Donc je verrai cet hiver pour prendre cette décision. En attendant je fais un peu de sport nautique, ça me fait du bien ».
Ce qui fait du bien, c’est aussi de voir Charlie Dalin sourire, malgré les circonstances, de l’entendre raconter sa terrible épreuve avec pudeur mais aussi franchise. Et c’est bien une forte émotion qui nous a étreint lorsqu’il a quitté les locaux du Figaro pour poursuivre sa tournée médiatique. La précédente a consacré une magnifique victoire contre des rivaux de qualité, celle-là raconte simplement le combat d’un homme contre un cancer de merde…