Ce 9 octobre 2025, France Gall aurait eu 78 ans. La chanteuse de « Poupée de cire poupée de son » nous a quitté le 7 janvier 2018, des suites d’un cancer. D’abord muse de Serge Gainsbourg, c’est son mari Michel Berger qui lui avait écrit les plus belles chansons.

Elle interprètera « La Déclaration d’amour », « Si, maman si », « Il jouait du piano debout », « Résiste », « Débranche », « Diego libre dans sa tête », « Babacar », « Ella, elle l’a », « Viens, je t’emmène » ou « Évidemment », et entrera dans la légende.

Avant sa love story avec France Gall, c’est d’une autre blonde au talent certain que Michel Berger était éperdument amoureux. Elle s’appelle Véronique Sanson. Michel Berger était son « jumeau », son « sorcier », comme la chanteuse s’est souvenue en 2017, sur France 2.

Largué par Véronique Sanson

Leur lien d’amitié s’est mué en relation amoureuse, dans leur vingtaine, à la fin des années 60. Et ils ont formé un couple emblématique de 1967 à 1972. C’est Michel Berger qui a produit son album culte Amoureuse. Mais leur rupture fut brutale, un an après.

« Je descends, je vais chercher des cigarettes ». C’est ce que Véronique Sanson aurait griffonné sur un papier pour s’enfuir en pleine session au studio, et ne jamais revenir. Une légende que la chanteuse confirme elle-même. Elle avait pour projet de rejoindre discrètement Stephen Stills, son nouvel amour.

Et comme elle n’avait pas le courage de rompre, elle avait pris un avion pour les États-Unis, le même jour. « L’attraction était trop puissante », avait-elle confié à Laurent Delahousse à propos de l’accolyte de David Crosby, Graham Nash et Neil Young. Elle explique que sur le moment, elle est obligée : « Il faut que je le fasse, sinon je vais mourir, je vais m’éteindre ».

Leur rupture racontée en chansons

Six mois plus tard, Stephen Stills lui passera la bague au doigt, puis deux ans plus tard naitra leur fils, Christopher, dans le Colorado. Mais la love story ne durera pas, et Véronique Sanson est victime de violences conjugales. Son mari menace même de l’assassiner, en débarquant avec un couteau dans la main chez elle. Ils divorcent en 1980 et Véronique Sanson rentre en France.

Entre temps, son répertoire se remplit de chansons dédiées à Michel Berger. Et lui aussi, lui écrit des textes. Ils se répondent pendant des années, via leurs chansons. Il y a « Pour me comprendre », « Seras-tu là », pour lui, « Besoin de personne », pour elle. Il y a « Message personnel » et « Mon piano danse » pour lui. Et, bien sûr « Vancouver » pour elle ainsi que « Toute une vie sans se voir ».

D’ailleurs, quelques années plus tard, en 1999, Véronique Sanson en fera même un album « D’un papillon à une étoile ». Un titre tout trouvé dans ce poème de Michel Berger, « Quelques mots d’amour » : « je t’envoie comme un papillon à une étoile quelques mots d’amour ».

La culpabilité de Véronique Sanson

Et si Véronique Sanson n’est jamais revenue sur cette rupture, elle en a gardé au fil des années une très grande culpabilité. Pas fière de la manière avec laquelle elle a quitté Michel Berger, elle a expliqué en 2023 dans « En Aparté », ses regrets.

Interviewée sur Canal+, elle avait alors partagé : « J’ai ressenti un appel du large. Et même si ce que j’ai fait n’a pas été fait avec la plus grande élégance, il fallait que je le fasse. Il fallait que j’y aille. J’avais envie de connaître un autre continent, un autre monde, une autre manière de travailler, d’approcher la musique aussi. J’ai appris tellement de choses en suivant les tournées de Stephen. J’ai vu du pays ».

Et de soutenir, à l’époque : « Je le referais mais autrement. Avec un peu plus d’élégance. Parce que je suis partie très lâchement. Je ne fais pas mon auto-critique. Je crois que je n’aurais jamais pu m’empêcher de partir aux États-Unis. Ça fait un peu bêta de dire ça, mais c’était écrit… »

Rivalité avec France Gall ?

Quand Véronique Sanson revient en France, Michel Berger est amoureux d’une autre. Il a 26 ans en 1973 quand il croise France Gall, rue François 1er à Paris, dans les locaux de la radio Europe 1. Et avec elle, Michel Berger va écrire de nouveaux chapitres.

Le couple se marie le 22 juin 1976. Ils auront deux enfants, Pauline, née en 1978 mais qui s’éteindra à 19 ans des suites de la mucoviscidose. Puis, Raphaël, né en 1981. Et à cette époque, France Gall et Véronique Sanson seront régulièrement mises en rivalité.

En 2012 sur l’antenne d’Europe 1, Véronique Sanson avait observé : « On n’a pas du tout gardé contact France et moi, même si on était très proches à un moment donné. Mais, de ma part en tout cas, ce n’est pas parce que je ne veux pas ! On doit avoir peur inconsciemment toutes les deux qu’on nous refiche Michel Berger dans les pattes. »

Véronique Sanson n’assistera pas aux obsèques de France Gall en janvier 2018 et justifiera par ailleurs : « Elle n’a jamais été mon alter ego », dans les colonnes du Courrier Picard.

Et d’ajouter : « Mon alter ego, c’était Michel Berger. On nous a toujours présentées, France et moi, comme des ennemies jurées, alors que ce n’était pas vrai du tout. »

Postérité

Pour preuve, en 1994, deux ans après la mort de Michel Berger, les deux femmes avaient même partagé la scène de Taratata, en chantant ensemble « La Groupie du pianiste ». Joli.

De fait, un an après la mort de France Gall, Véronique Sanson a surtout salué son apport à la musique et à Michel Berger. Dans les colonnes de Libération en 2019, elle assurait ainsi : « Elle a fait vivre Michel Berger. Elle a été sa plus grande transmettrice, de sa musique, de ses mots et de son monde. Michel n’a jamais vraiment été un homme de scène. Je ne sais pas si ça aurait autant marché pour lui, d’ailleurs, si elle n’avait pas été là ».

Et d’ajouter : « Elle avait un tel mimétisme avec lui, on le voit bien, entre cette qu’elle propose sur Poupée de cire, poupée de son, puis sur Cézanne peint, cette espèce de vibrato qui advient, un peu moi, un peu Michel, beaucoup elle. Ça a été sa muse… non, pas sa muse ! Car sa muse, c’est moi. Elle a été son tremplin : voilà le mot que je cherchais« . Ça pour un compliment.

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