Electronic Frontier Foundation, Le HuffPost
La police américaine de l’immigration a équipé certains de ses véhicules d’« IMSI-catchers », des outils de surveillance qui font polémique.
ÉTATS-UNIS – Un outil de plus dans l’arsenal inquiétant de la police américaine de l’immigration (ICE). Début octobre, le média spécialisé dans les nouvelles technologies TechCrunch a révélé que l’ICE avait acheté des véhicules équipés de fausses antennes-relais. Aussi connu sous le nom d’« IMSI-catcher », cet outil d’espionnage permet, comme l’explique Le Monde, d’intercepter des conversations téléphoniques en imitant une antenne-relais pour que tous les appareils à proximité s’y connectent.
D’après les informations de TechCrunch, I’ICE a signé un contrat avec l’entreprise TechOps Specialty Vehicles (TOSV) : 825 000 dollars (environ 712 000 euros) pour des véhicules dotés de différentes technologies de pointe, dont les fameux IMSI-catchers. Un partenariat qui remonte à plus loin que l’administration Trump, car TechCrunch a trouvé un contrat similaire datant de septembre 2024.
Alors que sous Donald Trump, l’ICE semble déjà n’avoir aucune limite dans sa course contre l’immigration, l’acquisition de tels outils donne à ses agents encore plus de pouvoir. Comme le précise Le Monde, certains IMSI-catchers peuvent intercepter des textos, et même bloquer des appels entrants. Dans tous les cas, l’ICE pourra identifier de manière bien plus précise la localisation des portables visés, et donc de leurs propriétaires. Forbes a d’ailleurs confirmé que l’agence avait récemment utilisé une fausse antenne-relais pour tenter de retrouver un suspect lié à des activités de gang qui aurait dû quitter le pays en 2023.
Tous les portables dans les parages mis sous écoute
Ces outils sont donc très puissants, mais aussi très controversés. Comme le résume TechCrunch, les forces de l’ordre les ont adoptés il y a plus d’une décennie, mais restent discrètes à ce sujet car elles n’obtiennent pas toujours de mandat autorisant leur utilisation. L’ICE n’a d’ailleurs pas répondu aux questions des journalistes de TechCrunch à ce propos.
L’Electronic Frontier Foundation, une ONG américaine de protection de libertés sur Internet, explique de son côté que les IMSI-catchers « envahissent la vie privée de tous ceux qui se trouvent dans une zone donnée, en dépit du fait que la grande majorité d’entre eux n’ont pas été accusés d’avoir commis un crime ». En effet, ces outils brassent large, et peuvent capter les informations de milliers de portables à la fois sans distinction, y compris dans des endroits privés comme des maisons ou des cabinets médicaux.
L’ONG rappelle également que par le passé, la police américaine a déjà été soupçonnée d’utiliser des IMSI-catchers pour espionner des manifestants, et que de tels outils peuvent par ailleurs perturber le bon déroulement des appels d’urgence dans la zone ciblée. Selon l’Electronic Frontier Foundation, leur utilisation devrait ainsi être mieux encadrée, et réservée à la traque des criminels violents.