Publié le
9 oct. 2025 à 18h14
À Fontaine-sous-Préaux, près de Rouen, un épisode budgétaire mouvementé a secoué la municipalité : la Chambre régionale des comptes a en effet pointé un déséquilibre dans le budget 2025, conduisant à une révision en urgence et à une hausse inédite des taxes locales. Le maire Francis Debrey, en poste depuis 2001, reconnaît des erreurs tout en assumant ses responsabilités, dans un climat politique désormais tendu à quelques mois de la fin de son mandat.
La Chambre régionale des comptes épingle le budget
Le 14 septembre 2024, le maire Francis Debrey célébrait avec ses élus et de nombreux invités la fin des travaux de restauration et d’agrandissement de la mairie. Un investissement d’un peu plus de 800 000 euros financé, comme souvent, par des subventions, de l’autofinancement et, en l’occurrence, pour cette réalisation, un prêt de 408 000 euros obtenu auprès de la Caisse d’Épargne.
Toutefois, le 7 juillet 2025, après un contrôle des éléments du budget 2025 adopté le 10 avril, la Chambre régionale des comptes a émis un avis défavorable, qu’elle justifie ainsi : « Le budget primitif de 2025 de la commune fait apparaître une section de fonctionnement en déséquilibre, les recettes estimées à 499 830,96 euros ne permettant pas de couvrir les dépenses retenues pour 517 709,28 euros… Le remboursement du capital d’un emprunt in fine souscrit par la commune, et venant à échéance en 2025, n’a pas été prévu au budget ».
Le 18 août, l’instance a publié un nouvel avis, pour que des mesures « qui relèvent de la seule commune », soient prises. Le conseil municipal a donc voté un budget modificatif validant une augmentation des taxes locales (de 56,89% à 59,02% sur le foncier bâti / de 66,09% à 68,56% sur le foncier non bâti / de 15,18% à 15,75% sur la taxe d’habitation pour les résidences secondaires). Une solution dont le maire assume toute la responsabilité.
« J’ai fait des conneries »
Élu depuis 2001, Francis Debrey avoue s’être tout le temps chargé de l’élaboration des budgets, « en duo avec la secrétaire de mairie pour la compta et moi pour le suivi des dossiers. Nous partageons nos données pour élaborer un budget équilibré ». Mais en 2025, après que la secrétaire s’est trouvée plusieurs fois en arrêt maladie, des décisions ont été reculées.
« À force, nous nous sommes retrouvés dans la date limite et dans l’urgence. Donc, seul, j’ai fait des conneries. J’ai oublié d’inscrire le remboursement d’un emprunt in fine de 408 000 euros qui n’apparaissaient pas, par conséquent, dans le budget précédent. Je le jure, je l’ai oublié et pas caché comme certains le disent », affirme l’élu.
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D’ailleurs, le maire rappelle qu’un emprunt ne peut pas être caché, puisque cela passe systématiquement par le conseil municipal. « C’est un prêt de la Caisse d’Épargne que nous devions rembourser au bout de deux ans. Sans chercher d’excuses, je suis responsable », plaide Francis Debrey.
Le maire déclare d’ailleurs s’être aperçu de son erreur et avoir prévenu la Direction générale des finances publiques (DGFIP), pour obtenir des conseils : « Ils m’ont dit de me débrouiller et de prendre une décision modificative. De leur côté, ils ont alerté la préfecture et la Chambre régionale des comptes ».
« J’en prends plein la tête »
Dans le cadre de ses missions, la Chambre régionale des comptes est venue à Fontaine-sous-Préaux, pour tenter de refaire le budget avec l’équipe municipale. « J’étais souffrant et étais donc absent du 2 juillet au 6 août, mais une nouvelle délibération a pu être adoptée pour mettre le budget à l’équilibre. Nous étions satisfaits », indique le maire.
Mais c’était compter sans un deuxième rapport réclamant une solution plus musclée, passant par une augmentation des taxes locales : une mesure qui n’avait pas eu lieu depuis 25 ans. Une troisième version du budget a ainsi été votée.
Francis Debrey admet que ces événements n’ont pas amélioré ses relations avec certains élus. « J’en prends plein la tête. Ils disent qu’ils n’ont plus confiance en moi suite à cela. Mais, c’est une ambiance générale dans ce mandat. Il n’y a que les habitants qui ne me disent rien. D’ailleurs, le conseil municipal a distribué un communiqué dans les boîtes à lettres, au sujet duquel je ne suis pas tout à fait d’accord quant aux termes, mais quand je croise les gens, il ne se passe rien de plus », confie le maire.
Le rapport de la Chambre régionale des comptes a par ailleurs demandé d’arrêter les travaux de rénovation de l’église, « mais là, c’est vrai, nous en faisions trop », relève l’élu.
Quoi qu’il en soit, ainsi qu’il l’avait annoncé en 2020, lors de sa réélection, Francis Debrey ne se représentera pas en 2026. « Mais quand on pose la question aux élus, ils ne répondent pas sur un potentiel candidat ou candidate. Alors, je vais organiser les élections : est-ce qu’il y aura une liste ? Je ne sais pas. Pour ma part, après quatre mandats, je dirais que c’est un poste exigeant qui demande beaucoup d’investissement personnel et dans sa vie privée. Il faut des compétences et des capacités. Être gentil avec tout le monde. Alors oui, chaque maire est différent et je trouve que dans cette période, les femmes s’en sortent mieux, car elles sont plus douces, plus calmes. Après, j’aurais encore des choses à dire, mais ce n’est pas le moment », conclut Francis Debrey.
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