« Antigone », dans la mise en scène de Netia Jones et avec Christel Loetzsch dans le rôle-titre, a enflammé la Philharmonie de Paris.
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France Télévisions – Rédaction Culture
Publié le 09/10/2025 17:42
Temps de lecture : 3min
Scène d' »Antigone » à la Philharmonie de Paris, le 6 octobre 2025. (CORDULA TREML)
De longues minutes d’ovations pour saluer les artistes et les musiciens de l’Orchestre de Paris : l’opératorio Antigone est porté en triomphe par le public. Pour sa première mondiale à la Philharmonie de Paris, du 7 au 9 octobre, l’œuvre de Pascal Dusapin, d’après la tragédie de Sophocle, mise en scène par Netia Jones, déclenche un grand enthousiasme.
Portée par une excellente distribution, notamment Christel Loetzsch dans le rôle-titre et Tomas Tomasson dans celui de Créon, Antigone brille par son efficacité.
Scène d' »Antigone » à la Philharmonie de Paris, le 6 octobre 2025. (CORDULA TREML)
Avec six colonnes monumentales et un dispositif vidéo pour seul décor, les artistes se meuvent sur un vaste plateau, rappelant le théâtre grec. Netia Jones choisit l’épure, allant à l’essentiel. « Je voulais de la simplicité pour mettre en valeur les chanteurs et l’orchestre. Je me suis inspirée du théâtre grec », confie-t-elle.
Derrière la soixantaine de musiciens, les chanteurs tout de noir vêtus évoluent dans un espace blanc. Le jeune compositeur nancéien de 70 ans est présent dans le public.
« S’il y a quelque chose de plus moderne qu’Antigone, qu’on me le montre », tranche Pascal Dusapin lors de la conférence de présentation de son œuvre devant un public nombreux, acquis à sa cause. Après Médée et à Penthésilée, le compositeur poursuit son exploration des grandes figures féminines de la mythologie avec Antigone.
Pascal Dusapin, fasciné par ce personnage ambigu, explore le thème de la loi. « C’est une méditation sur le monde qui nous entoure. Antigone n’est pas si sympathique que ça. Elle peut être Alexeï Navalny ou un méchant jihadiste », analyse-t-il. Compositeur de la musique, mais aussi du livret, Pascal Dusapin s’appuie sur la version classique de Sophocle telle qu’elle fut traduite, en allemand, par Friedrich Holderlin. Le romantisme allemand imprègne l’ensemble de la composition musicale et du jeu.
Christel Loetzsch dans le rôle d’Antigone à la Philharmonie de Paris, le 6 octobre 2025. (CORDULA TREML)
Antigone est une confrontation de deux radicalités : celle de Créon, despote hanté par le pouvoir, et Antigone, qui place la morale au-dessus de la loi. Le refus de Créon de donner une sépulture à Polynice, frère d’Antigone, déclenche une série d’événements dramatiques. À la fois politique, sociale et intime, l’œuvre interroge aussi le rapport entre le sacré et le profane.
La mezzo-soprano Christel Loetzsch, qui a déjà travaillé à quatre reprises avec Pascal Dusapin, est impressionnante de justesse et de présence dans le rôle d’Antigone, comme chanteuse et actrice. Elle est cette femme absolue qui accepte la mort au nom de ses principes moraux. Autre personnage principal : l’Orchestre de Paris, dirigé par la baguette énergique de Klaus Makela, qui a aussi joué le rôle des chœurs avec beaucoup de bonheur. Antigone, un opératorio bouleversant.