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Icône du cinéma espagnol, révélée par Pedro Almodovar, l’actrice et plasticienne Rossy de Palma a reçu, mercredi soir, la Violette d’Honneur de Cinespaña, lors d’un échange truculent avec les spectateurs du festival au Pathé Wilson.

Drôle, volubile, généreuse, la comédienne espagnole Rossy de Palma a mis l’ambiance, mercredi soir, au Pathé Wilson, où lui était remise une Violette d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et pour sa contribution au rayonnement du cinéma espagnol. Présidente de Cinespaña, Françoise Palmerio-Vielmas avait plaisir à récompenser et à « recevoir une artiste attachante à la carrière internationale mais aussi une femme formidable ».

Le cinéma d’Almodovar

C’est bien entendu sur le cinéma de Pedro Almodovar et sur son rapport avec le réalisateur que Rossy de Palma a été le plus interrogée par la salle.

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« Je vais vous donner un scoop, à vous mon fidèle public toulousain, qu’il ne faudra pas répéter à Pedro », s’est amusée l’actrice. « Il croit que j’ai tourné pour la première fois avec lui dans ‘La Loi du désir’ mais ce n’est pas vrai… Je suis native des Baléares et avant d’arriver à Madrid, au début des années 80, j’ai été approchée par des Allemands à Mallorca qui nous regardaient comme des indigènes pour participer au tournage d’un film sur l’élection de Miss Allemande où j’ai fait de la figuration ».

« Sinon avec Pedro, on s’est connu dans la nuit madrilène. Il était toujours intrigué par ce que je portais, mes vêtements, mes boucles d’oreilles, mais surtout par le fait que je les réalisais moi-même. À l’époque, je jouais dans un groupe de musique. Je n’ai jamais été groupie, je gardais mes distances et parfois c’est la meilleure façon d’approcher quelqu’un sans lui sauter dessus. Pedro commençait à être connu, il préparait le tournage de ‘Matador’. Après ‘La Loi du désir’, il m’a proposé ‘Femmes au bord de la crise de nerfs’ car je trouvais que j’avais eu un trop petit rôle. Mais en lisant le scénario, je lui ai dit : Pedro, je suis toujours endormie dans ton film, c’est un peu léger comme rôle ! Et il m’a répondu : mais je te fais un cadeau tu vas vivre un orgasme en rêve… Alors ça valait le coup de faire le film ».

« De toute façon, je me sens davantage artiste que comédienne. J’aime beaucoup les erreurs dans la création. Tout ce qui n’est pas dans les normes ».

Associée au Nouveau Printemps

Invitée d’honneur de Cinespaña, Rossy de Palma sera d’ailleurs de retour à Toulouse, en tant qu’artiste associée du festival d’art contemporain Le Nouveau Printemps, du 29 mai au 28 juin 2026. Après Kiddy Smile, elle posera son regard d’artiste plasticienne autour de la gare Matabiau et imaginera un programme d’expositions.


« Dans l’art, j’aime tout mais surtout ce qui est simple, ce qui n’est pas prétentieux », explique Rossy de Palma. « J’aime les fleurs, j’aime le chant de l’oiseau, j’aime montrer la beauté de la nature dans ce monde qui va mal. J’aime aussi faire de petites vidéos avec mes lunettes. D’ailleurs, regardez-moi que je vous filme. J’adore aussi tout ce qui est construit avec les mains comme mon papa qui était maçon et qui va fêter dimanche ses 95 ans. Mes parents sont des gens simples. Ma mère faisait des aquarelles mais elle refusait d’être qualifiée d’artiste. J’adore la terre, la matière, travailler avec les mains car ça permet de reposer la tête ».

Un visage digne de Picasso

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Interrogée sur la façon dont son physique atypique lui a permis de construire sa carrière, Rossy de Palma a répondu avec beaucoup de franchise, d’émotion et d’humour : « J’ai de super belles jambes, des oreilles qui écoutent et des yeux qui regardent. Il y a toujours mille choses pour dire merci. Je sais depuis toujours que mon visage est particulier mais je n’ai pas de problème avec ça. Plus jeune, je savais que c’était plus un problème de regard des autres sur moi que pour moi-même. Maintenant, je trouve qu’il y a de plus en plus de physiques comme le mien dans la rue. Parfois, mon physique m’a servi de bouclier et je me suis dit pourquoi me punir pour quelque chose que je n’ai pas choisi. C’est comme le racisme ou la grossophobie ».

Un échange sincère que Rossy de Plama a terminé en citant le poète portugais Fernando Pessoa : « Le sens du ridicule n’existe que pour les autres ».

Carte blanche

Invitée d’honneur de la 30e édition de Cinespaña, Rossy de Palma a profité de sa carte blanche pour montrer deux films qui lui tiennent à cœur. « Carmen » de Benjamin Millepied, présenté ce vendredi 10 octobre, à 19 h, au Pathé Wilson, et « Dia de caza » (« Jour de chasse ») de Pedro Aguilera, projeté aussi ce vendredi 10 octobre au Pathé Wilson à 15 h 30. Une avant-première internationale car cette version contemporaine de « La Chasse » de Carlos Saura (1966) n’a encore jamais été montrée.