Deux Hongrois étaient nobélisables, László Krasznahorkai, né en 1954, et Péter Nádas, né en 1942, dont l’autobiographie vient d’être traduite en français (Ce qui luit dans les ténèbres, éditions Noir sur blanc). C’est le premier des deux que l’Académie suédoise a choisi, vingt-trois ans après leur compatriote (et ami) Imre Kertész. Les jurés de Stockholm ont salué «un grand écrivain épique», récompensé «pour son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu de la terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art». C’est l’essayiste américaine Susan Sontag qui avait, la première, salué le génie de Krasznahorkai en ces termes. Elle faisait de lui «le maître hongrois de l’apocalypse», au grand dam de l’intéressé, lassé, au fil des décennies, d’être réduit à cette citation et ramené à un magistère dont il n’avait que faire.

Il est néanmoins exact que l’œuvre du Hongrois – dont les phrases, longues et musicales ont trouvé en France une traductrice remarquable, Joëlle Dufeuilly – met en scène des co