Bulldozers, grues, échafaudages… En 1975, certains quartiers de la capitale changent de visage. Que restera-t-il du vieux Paris, à l’heure où plus personne ne prend le temps de flâner dans les rues ?

« Dans quelques années, pour se souvenir, il faudra feuilleter des albums de photos. Grâce à des hommes comme Robert Doisneau, sont heureusement fixées des images que notre seule mémoire ne parviendrait pas à garder intactes », commente, sur un air d’accordéon mélancolique, une journaliste de l’émission « Aujourd’hui Madame » diffusée sur Antenne 2.

Dans l’œil de Doisneau

« Il faut beaucoup de temps pour voir une rue, et petit à petit les choses deviennent évidentes. Ce qu’on ramène par la photographie n’est pas du tout objectif, c’est subjectif. »

Vêtu d’un imperméable ajusté et d’un béret vissé sur la tête, le photographe se glisse parmi les passants du quai de la Mégisserie et immortalise les clients d’une incontournable jardinerie (qui n’a depuis pas disparu). « Il faut beaucoup de temps pour voir une rue, et petit à petit les choses deviennent évidentes. Ce qu’on ramène par la photographie n’est pas du tout objectif, c’est subjectif », affirme Doisneau, qui durant toute sa carrière n’aura eu de cesse de battre le pavé de la capitale. Ses pérégrinations sont accompagnées de touchants portraits de Parisiens, qui témoignent de la métamorphose de leur ville.

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Un Paris en voie de disparition

On fait ainsi la rencontre d’un vieux sculpteur dans son atelier, qui faisait « le chat de gouttière » dans les rues de Belleville au temps du funiculaire, d’un ancien tourneur des usines Panhard du 13e arrondissement, rasées pour ériger des tours « modernes », ou encore d’une artiste qui déplore la destruction d’ateliers à Montparnasse… Tous s’émeuvent de la disparition du Paris d’autrefois, tel que photographié dans les années 1930 ou 1940 par Doisneau, et que l’on peut aussi admirer jusqu’au 12 octobre dans l’exposition « Robert Doisneau. Instants donnés » au musée Maillol.

« Avant, il n’y avait pas de voiture dans les rues. Maintenant, il y a un chapelet d’automobiles qui se touchent. Un jour, il y aura une soudure totale qu’on sera obligé de découper au chalumeau ! », plaisante le photographe, se souvenant de l’époque où « les gens étaient au milieu de la rue ». Du « trou des Halles » aux hauteurs de Ménilmontant, et sans jamais juger de la transformation du paysage urbain, le photographe livre ses souvenirs en observateur éclairé.

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Robert Doisneau – Instants donnés

Du 17 avril 2025 au 12 octobre 2025

museemaillol.com