DÉCRYPTAGE – Entre contexte politique tendu et hausse du prix de l’ESTA, les États-Unis ne séduisent plus aussi facilement les voyageurs français. Alors que débutent bientôt les vacances scolaires en France, faut-il s’attendre à un regain d’intérêt ?

Partir pour New York ou Los Angeles cet automne ? Oui, mais non sans quelques complications ni dépenses supplémentaires. À «l’effet Trump», qui avait déjà ralenti les intentions de départ des touristes venus de France avant l’été, s’ajoute désormais l’augmentation du prix de l’ESTA – le visa touristique obligatoire – passé de 21 à 40 dollars (environ 34 €) fin septembre.

Depuis deux semaines, le shutdown, cette paralysie budgétaire décidée par le gouvernement, affecte également plusieurs sites touristiques : certains ferment temporairement, d’autres restent ouverts mais sans entretien. À l’approche des vacances de la Toussaint, les Français sont-ils toujours freinés par ce climat politique incertain ?


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Une baisse de fréquentation mais légère

Inès, 21 ans, s’apprête à s’envoler vers Manhattan avec son frère pour célébrer Halloween. «Je pars maintenant, car j’ai le sentiment que voyager là-bas deviendra bientôt plus compliqué à cause de la situation politique», confie l’étudiante en psychologie originaire d’Île de France. Comme elle, de nombreux vacanciers semblent se décider à profiter de l’automne outre-Atlantique. Selon Brand USA, l’office de tourisme américain, l’attrait des Français pour la destination reste comparable à celui de l’an dernier, avant l’élection de Donald Trump. «On observe un pic d’arrivées en octobre, sans qu’il soit évident de savoir s’il tient davantage aux vacances de la Toussaint ou à Halloween», précise l’organisme au Figaro. D’après ses dernières données publiées, une baisse globale de 6% du nombre de touristes français a tout de même été enregistrée entre janvier et août 2025.

Chez les voyagistes, ce phénomène se confirme. «Les ventes de séjours vers les États-Unis restent stables, mais demeurent inférieures à celles de 2024», indique l’agence Marco Vasco (groupe Le Figaro). Même constat pour Havas Voyages : «Depuis janvier, la demande diminue légèrement sur l’ensemble des villes américaines, au profit du Canada et de l’Amérique latine», observe Matthieu Delouche, directeur régional.

Du côté de l’aérien, la compagnie low-cost French Bee note un recul du nombre total de passagers par rapport à 2024, mais souligne que ses taux de remplissage des avions restent «satisfaisants». «Avant l’été, on constatait une chute des prix des billets pour attirer les Français, mais aujourd’hui, les tarifs sont revenus à la normale, faisant des États-Unis notre troisième destination après l’Espagne et l’Italie. On ne perçoit plus vraiment d’effet Trump», estime Frédéric Pilloud, directeur marketing de la plateforme de réservation de billets d’avion en ligne Misterfly. New York reste en tête avec 60 % des réservations, suivie de Los Angeles (18 %) et de Miami (17 %).

«Je ne ressens plus le rêve américain»

Malgré ce regain d’intérêt, certains compatriotes peinent encore à s’imaginer touristes au pays de l’Oncle Sam. Marc, Francilien passionné de moto, rêvait autrefois de parcourir la mythique Route 66 sur sa Norton. Ce n’est plus le cas. «Je ne ressens plus le rêve américain : il y a désormais trop de déceptions politiques et de hausses de prix», déplore ce retraité de 60 ans. Titouan, 25 ans, employé de mairie à Paris, partage ce sentiment. Parti cet été sur la côte est, il estime avoir voyagé «au bon moment». «C’était grandiose, mais on sentait déjà un climat social pesant. Avec toute l’actualité récente, je n’ai même plus envie d’y retourner», avoue-t-il.

Sur place, certains professionnels du tourisme notent l’absence inhabituelle des résidents de l’Hexagone. À New York, Cyrielle, guide indépendante depuis quinze ans, observe une diminution de sa clientèle depuis le début de l’été. «Selon les semaines, nous enregistrons entre 30 et 60 % de réservations françaises en moins par rapport à l’an dernier, alors qu’en comparaison, les Italiens et les Allemands sont toujours là», révèle-t-elle. Parmi les raisons évoquées par les voyageurs avec qui elle a échangé, la hausse du prix des activités et des restaurants (avec les pourboires) reste encore un obstacle.


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De quoi s’inquiéter pour 2026 ? Pas encore. L’attrait de la destination pourrait être relancé par les célébrations des 250 ans des États-Unis, le centenaire de la Route 66 ou encore la Coupe du monde de football. Reste à savoir si ces événements suffiront à reconquérir les cœurs de tous les Français.