En marge des réunions de l’Eurogroupe et du Conseil Ecofin, réunis à Luxembourg les 9 et 10 octobre, s’est tenue la troisième réunion du Laboratoire européen de la compétitivité (European Competitiveness Lab). Ce laboratoire, une initiative lancée par le gouvernement espagnol et portée par le ministre espagnol de l’Économie, du Commerce et des Entreprises, Carlos Cuerpo, vise à permettre à des groupes d’États membres de tester, sur une base volontaire, des projets destinés à approfondir les marchés de capitaux européens et à accroître la compétitivité en Europe. «Une coalition de volontaires», selon les mots du ministre espagnol.
La réunion de ce jeudi réunissait 25 délégations, dont 11 ministres, ainsi que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, et la commissaire européenne chargée des services financiers et de l’épargne, Maria Luís Albuquerque. Seules sept délégations avaient participé à la deuxième réunion, en juin.
Pour cette occasion a été présenté un projet de plateforme de titrisation européenne. «Une plateforme que nous considérons comme un complément précieux à la réforme par la Commission du cadre réglementaire de la titrisation», a insisté le ministre des Finances, (CSV), pour qui «l’Europe avance toujours lorsque nous travaillons ensemble de manière complémentaire».
La titrisation permet aux émetteurs de regrouper, dans un produit financier, des actifs illiquides afin de les transformer en titres échangeables sur les marchés. Créer une plateforme européenne permettrait de standardiser ces opérations longues et complexes, favorisant ainsi l’accès à ce marché pour des acteurs de taille plus modeste. Outre la structuration des transactions, elle pourrait également assurer la conformité réglementaire et la transparence des données, générant ainsi des économies d’échelle. Pour finaliser les contours de cette plateforme, dont l’absence est préjudiciable selon Gilles Roth, notamment en ce qui concerne la mutualisation des coûts, un comité technique sera mis en place avec les autorités nationales intéressées et les professionnels.
Le Label Finance Europe avance
Le Laboratoire européen de la compétitivité a également fait le point sur le label Finance Europe, lancé le 5 juin dernier par le Luxembourg, la France, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Estonie. Ce label doit aider les épargnants européens à améliorer le rendement de leur épargne en orientant leurs investissements vers le financement d’entreprises européennes. Pour l’obtenir, un produit financier doit justifier qu’au moins 70% des actifs soient investis dans l’Espace économique européen (EEE), que son univers d’investissement privilégie les actions afin de contribuer au financement en fonds propres des entreprises européennes, et qu’il présente une durée minimale d’investissement de cinq ans. Les éventuelles incitations fiscales associées à ce label seront, quant à elles, déterminées par les États selon leurs politiques fiscales.
« Notre objectif est de renforcer la compétitivité de l’Europe pour une croissance plus durable. Le label Finance Europe est un moyen d’y parvenir », a indiqué Gilles Roth. « Les discussions ont montré l’engagement partagé à prendre des mesures pragmatiques pour débloquer le capital et définir les priorités stratégiques d’utilisation », a poursuivi le ministre.
Troisième point à l’ordre du jour : le futur. Carlos Cuerpo a évoqué les prochains chantiers sur lesquels se pencheront les membres du laboratoire : le renforcement du marché unique des capitaux, l’éducation financière et l’amélioration des circuits de financement des PME.
La prochaine réunion des membres du Laboratoire européen de la compétitivité est programmée pour le début de l’année 2026.