(ZENIT News / Berne, 03/10/2025) – Pour la première fois depuis des années, l’Église catholique d’Europe centrale a constaté une diminution du nombre de fidèles quittant l’Église. Des chiffres récents provenant de Suisse, d’Allemagne, d’Autriche et même de Belgique indiquent une baisse notable des départs officiels en 2024, un changement qui nous amène à cette question : s’agit-il du début d’une nouvelle tendance ou simplement d’une pause statistique dans une crise prolongée ?
En Suisse et en Allemagne
En Suisse, 36 782 personnes ont officiellement quitté l’Église l’an dernier, soit une chute spectaculaire de 46 % par rapport à l’exode record de 2023. L’Allemagne a enregistré 321 659 départs, un chiffre toujours alarmant, mais en baisse de 20 % par rapport à l’année précédente. L’Autriche a connu une baisse similaire, avec 71 531 départs, en baisse de 16 % sur un an. Même en Belgique, où un documentaire de 2023 sur les abus commis par des clercs a déclenché une vague de défections sans précédent, le nombre de personnes quittant l’Eglise a diminué des deux tiers en 2024.
Une région soulagée mais prudente
Le soulagement est palpable dans une région souvent regroupée sous l’abréviation « DACH » (Allemagne, Autriche et Suisse), qui a longtemps été le cœur de l’Europe catholique et abrite encore des dizaines de millions de catholiques de nom. Mais la signification de ces nouvelles statistiques est loin d’être évidente.
Des signes de vitalité
Sur une note optimiste, les analystes notent que 2024 marque la deuxième année consécutive de baisse des taux d’abandon en Allemagne et en Autriche, ce qui suggère une tendance plutôt qu’une coïncidence. Une légère mais notable hausse de la fréquentation des messes, des baptêmes d’adultes et de la réinsertion dans l’Église a également été enregistrée dans les deux pays, tandis que la Belgique a enregistré une hausse de 4 % de la participation à la messe, parallèlement à une hausse continue des baptêmes d’adultes. Après des années de gros titres décevants, ces étincelles de vitalité ne sont pas négligeables.
Le cas particulier de la Suisse
Le cas de la Suisse est plus complexe. Son pic en 2023 – près de 67 500 départs – a été provoqué par une vague d’indignation à la suite des révélations d’abus sexuels généralisés, conjuguée à une enquête ordonnée par le Vatican sur des membres de la Conférence épiscopale suisse. Par conséquent, la réduction de près de moitié du chiffre en 2024 pourrait refléter l’atténuation de ce scandale immédiat, plutôt qu’un changement plus profond des mentalités. Néanmoins, la baisse est si marquée que les observateurs se demandent si elle ne marque pas le début d’un changement plus large.
Des experts sceptiques
Tout le monde n’est pas convaincu. L’Institut suisse de sociologie pastorale, qui a publié le rapport de septembre, met en garde contre une surinterprétation de la récession. Comparée aux données à long terme, la tendance reste à l’érosion progressive. Le total de 2024, bien que nettement inférieur à celui de l’année précédente, dépasse néanmoins le nombre de départs enregistrés en 2022. « A long terme, on observe une lente augmentation de la propension à partir », conclut l’institut, avertissant que les jeunes générations sont moins attachées à l’Église et moins susceptibles de compenser les pertes causées par le déclin démographique.
Un avenir incertain
Cette tension entre signes encourageants à court terme et tendances sombres à long terme définit le débat actuel. Certains responsables de l’Église interprètent ces données comme les premiers signes de stabilisation, voire d’un timide renouveau dans des régions marquées par les scandales et la sécularisation. D’autres y voient une pause temporaire dans une spirale descendante continue, qui reprendra à moins d’une réforme radicale ou d’un regain inattendu de la foi.
Entre déclin et espérance
La vérité se situe probablement à mi-chemin. Les pays de la région DACH – et la sphère germanophone au sens large, qui s’étend au Liechtenstein, au Luxembourg et à certaines parties de la Belgique – restent un baromètre du catholicisme en Europe. Si les départs continuent de baisser et que la participation augmente légèrement, l’Église pourrait assister au début d’une lente reprise. Si, en revanche, le répit de 2024 s’avère de courte durée, les historiens pourraient considérer ces chiffres comme un simple recul statistique dans une période de déclin sur des décennies.
Pour l’instant, les catholiques de la région ont au moins une raison de respirer : l’hémorragie des départs a ralenti. S’agit-il d’une cicatrisation ou d’une simple pause avant la reprise de l’hémorragie ? Seules les années à venir permettront de répondre à cette question.
