Ça semblait pourtant gagné d’avance pour McLaren. La grande question était de savoir qui de Lando Norris ou d’Oscar Piastri remporterait le championnat des pilotes. Soudainement, un troisième pilote est de retour dans les discussions : Max Verstappen. Le quadruple champion du monde peut-il revenir de l’arrière ?
Publié à 8 h 00
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Petit retour dans le temps, au 29 mai dernier. En arrivant au Grand Prix d’Espagne, Verstappen accusait un retard d’un peu plus de 20 points sur les deux McLaren. Il avait remporté deux courses, alors que Piastri comptabilisait quatre victoires et Norris, deux.
Dans une disponibilité média à laquelle La Presse a participé à Barcelone, Verstappen a refusé de s’inclure dans la « bataille » au championnat, vu l’écart de performance en piste. « J’essaie seulement de faire de mon mieux, d’avoir du plaisir, mais ce n’est pas comme si cette saison, jusqu’ici, restera dans ma mémoire pour toujours », a-t-il dit.
Les semaines ont passé. Les mois aussi. A eu lieu la pause estivale. Depuis, le portrait a changé. Verstappen a remporté deux des quatre dernières courses, en Italie et en Azerbaïdjan, et accumulé un total de 86 points depuis le retour de la pause. Pendant ce temps, Piastri en a enregistré 52, alors que Norris en a ajouté 39.
Même si Verstappen n’est pas du genre à le dire haut et fort, cette saison pourrait soudainement devenir plus mémorable que prévu…
Aucune marge de manœuvre
Il reste six courses au calendrier. Verstappen accuse un retard de 41 points sur Norris et de 63 points sur Piastri. De toute évidence, la tâche ne sera pas simple pour le Néerlandais.

PHOTO PHILIPPE LOPEZ, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Lando Norris, Max Verstappen et Oscar Piastri
Ce qu’on sait, toutefois, c’est que Red Bull ne fait que gagner du terrain en matière de performance depuis quelques semaines et que Verstappen réagit très bien à la pression. Gagner, il sait faire. Et en piste, il est prêt à tout.
Il y a quelques semaines à peine, alors qu’il accusait un retard de 69 points sur le meneur au classement, il a indiqué que, pour remonter la pente et triompher, la marge de manœuvre était nulle.
« En gros, il faut que tout se passe parfaitement de mon côté, et il faut aussi un peu de malchance [du côté de McLaren], donc c’est quand même très difficile », a-t-il dit, selon des propos rapportés sur le site web de la F1.
Quelques semaines plus tard, cette affirmation est toujours vraie : Verstappen n’a plus droit à l’erreur. McLaren non plus. C’est ce qui rendra la fin de saison intéressante.
Tout au long de la campagne, Verstappen a répété qu’il abordait les choses une course à la fois, sans égard au championnat. Il l’a dit encore, le week-end dernier. Sauf qu’on commence à le connaître, ce pilote ; il respire le désir de vaincre.

PHOTO VINCENT THIAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
La Red Bull de Max Verstappen au Grand Prix de Singapour
Lors de l’habituelle conférence de presse des pilotes avant ce même Grand Prix, dont la retranscription est diffusée sur le site de la F1, une journaliste de Sky Sports a demandé à six pilotes d’évaluer les chances, en pourcentage, de Verstappen de remporter le titre.
Les réponses les plus intéressantes sont venues d’Alex Albon et d’Esteban Ocon. Le premier a opté pour 15 % : « Il suffirait d’un seul accident entre Lando et Oscar, et le jeu serait lancé », a dit le pilote Williams.
Pour sa part, Ocon ne s’est pas mouillé avec un chiffre, mais a rappelé un fait important : « On connaît tous Max et à quel point il est dangereux quand il y a quelque chose à gagner. Donc oui, s’il a une voiture performante jusqu’à la fin de l’année, il y a de bonnes chances qu’il puisse revenir. »
« Rien ne va changer »
Chez McLaren, aucun des deux pilotes n’a déjà remporté un championnat ni vécu ce genre de pression. Comment réagiront-ils dans les prochaines semaines ? Et l’écurie elle-même ?
Peut-être est-il temps que McLaren favorise un de ses deux pilotes, d’autant plus que le championnat des constructeurs lui appartient désormais officiellement. Justement, Norris a été interrogé sur le sujet après la course à Singapour, dimanche. « Peut-on s’attendre à plus d’affrontements contre ton coéquipier pour le reste des courses ? », lui a demandé un journaliste sur place.
« Rien ne va changer, parce que nous sommes libres de nous affronter et nous l’avons été toute la saison », a répondu Norris.
Voyons voir de quoi auront l’air les ordres de l’équipe au cours des prochaines semaines. Surtout, voyons voir si un des deux pilotes se permettra de les défier…