Il y a deux ans, leur duo sonnait comme une évidence : Vanessa Paradis avait rejoint Étienne Daho pour la chanson-titre du dernier album de celui-ci, « Tirer la nuit sur les étoiles ». Depuis 35 ans que leurs routes se croisent, il fallait bien qu’elles se rejoignent un jour, pour tracer ensemble un même chemin.
C’est chose faite avec « Le Retour des Beaux Jours », huitième album solo de Vanessa Paradis, qui paraît ce vendredi. « J’avais envie que l’on mélange nos univers, explique Vanessa Paradis. J’avais aussi des envies de sons précises, liées notamment à notre amour commun pour la soul des années 60 et 70 ».
Revue de détails, titre par titre.
Vanessa Paradis n’avait plus publié d’album depuis « Les Sources », paru il y a sept ans.
Karim Sadli
1. « Cœur ardent ». Des sons d’orchestre qui tournent dans une grande pièce boisée, une flûte qui s’envole, des cordes qui frémissent et la rejoignent en une parade céleste… L’album s’ouvre comme une intro de concert : « Soudain j’entre dans la lumière, le souffle court, le cœur battant… ». Symphonique et romantique, la chanson déploie progressivement ses atours de comédie musicale luxuriante et aérienne.
2. « Bouquet Final ». Publié en single au début de l’été, c’est une chanson pour danser, portée par un balancement sexy que soutiennent une guitare qui chatouille et une basse profonde et soyeuse. Signés Doriand, les paroles font mouche sur le refrain (« T’aimerais changer les choses comme on change l’eau des roses / Mon Amour, oublie ça, les fleurs ne trichent pas »), portées par un contretemps gracieux.
« Bouquet final » a été publié en 45 tours et en single digital.
Barclay
3. « Trésor ». Comme un vieux vinyle poussiéreux, c’est une marche à la nonchalance bluesy, dont l’ambiance un peu inquiétante semble surgir du bayou de Louisiane. Une guitare un peu cradingue, une contrebasse qui claque, un piano limite bastringue, ces cuivres profonds… Vanessa double parfois sa voix pour des choeurs harmonisés ou chante un chorus de trompette bouchée… C’est l’aventure, traînante comme un vieux film de Jim Jarmusch… Paroles et musiques sont signés Paradis et c’est une des grandes réussites de l’album.
4. « Le Retour des Beaux Jours ». 100 % Daho, cette ballade à l’élégance vénéneuse rebondit sur une basse très sixties, façon « Melody Nelson ». À la guitare wah wah répond le soyeux des violons, avant que les cuivres ne viennent appuyer la tension dramatique de cet hymne à la renaissance de l’amour.
5. « Rendez-Vous ». Depuis toujours (et notamment « Be My Baby » qu’avait composé pour elle Lenny Kravitz), on sait l’amour de Vanessa Paradis pour la pop de la Motown. Ici, elle rayonne comme une Diana Ross, portée par un grand orchestre et un jeu de rimes en « ouh » : « Autour de nous, tout devient flou, c’est au premier instant que tout se joue ».
6. « Éléments ». Vanessa Paradis referme la face A de l’album avec des couleurs jazz, sur un texte écrit par son fils Jack Depp. Le bruit de la pluie et l’intro au piano posent d’entrée une ambiance très cinématographique, bel écrin pour la trompette d’Erik Truffaz.
Vanessa Paradis, 52 ans, sera en concert à partir du printemps 2026. Elle est attendue à Bordeaux le 8 mai.
Karim Sadli
7. « Make Me Mine ». Unique chanson en anglais de l’album, cette pop song minimaliste avance en roue libre, comme mue par une volonté d’insouciance.
8 – « Les Epines du Coeur ». Taillée pour les radios et les concerts, cette invitation à la danse n’a pas le souffle cool de « Bouquet final », mais son efficacité est imparable, grâce à une production idoine.
9 – « Élégie ». Pour dire la perte de son père (« le tout premier homme de ma vie »), Vanessa Paradis a confié la plume à Daho. « J’ai cherché à l’écrire mais je n’ai pas réussi. C’est aussi bien que cela vienne d’Étienne car, même si c’est très intime, le sujet est universel » commente-t-elle. Un slow, crépusculaire, pour ce message d’amour envoyé par Vanessa au paradis.
10 – « Un amour de jeunesse ». Cette souriante ballade en arpèges folk fleure bon la nostalgie de la pop californienne des seventies. Un titre à la fois épique et ensoleillé, avec de belles trouvailles stylistiques dans les paroles.
Vanessa Paradis a réussi, avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot, un de ses plus beaux albums.
Karim Sadli
11 – « Les Initiales des anges ». « L.A., elle a perdu le nord sous les orangers amers… » chante Vanessa en hommage à la mégalopole californienne, longtemps sa ville d’adoption. La rythmique rap renvoie aux coups de génie de Kendrick Lamar ou du groupe Unloved. Jusqu’aux refrains en mode comédie musicale, avec sa résolution solaire et ses chœurs en cascade.
12 – « I Am Alive ». Sur un poème écrit par Lily-Rose à l’adolescence, Vanessa a composé cette ballade dépouillée, dans l’intimité d’un piano accroche-cœur.
Vanessa Paradis : « Le Retour des beaux jours », en CD, vinyle et digital (Barclay / Universal). Sortie le 10 octobre.
Du 15 octobre au 14 janvier 2026, la Galerie de L’Instant à Paris présentera l’exposition de photos « Vanessa Paradis : Paradissime ».
1996. © Elen von Unwerth / La Galerie de l’Instant