On dit que Suzuka est un « circuit de pilotes », et si tel est le cas, alors Kimi Räikkönen a assurément prouvé sa valeur le 9 octobre 2005.
Au moment d’aborder le Grand Prix du Japon, le Finlandais, alors âgé de 25 ans, avait déjà perdu dans la course au titre pilotes, puisque son retard sur le nouveau champion du monde Fernando Alonso atteignait 23 points à deux courses de la fin, à une époque où la victoire valait dix unités.
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Les qualifications en un seul tour ont contraint certains pilotes de pointe à composer avec de la pluie en fin de séance. Räikkönen a ainsi réalisé un temps de 2’02″309, à 16 secondes de la meilleure marque. Il allait de toute façon reculer de dix places sur la grille de départ en raison d’une pénalité moteur.
Avec Alonso, Räikkönen et son coéquipier Juan Pablo Montoya partant entre les 16e et 18e places, la course s’annonçait difficile pour les principaux favoris, à l’exception du deuxième pilote Renault, Giancarlo Fisichella, qui bénéficiait d’un avantage significatif en partant troisième derrière le poleman surprise Ralf Schumacher (Toyota) et Jenson Button (BAR-Honda).
Alonso connaissait le meilleur premier tour, passant de la 16e à la huitième place, tandis que Räikkönen gagnait de son côté cinq positions pour se hisser au 12e rang. Montoya était pour sa part victime d’un accident dans le dernier virage, à la suite d’un duel avec Jacques Villeneuve.
Malgré son départ tonitruant, Alonso s’est ensuite retrouvé bloqué derrière la Ferrari de Michael Schumacher pendant 20 tours, tandis que Räikkönen a rapidement dépassé Felipe Massa, Antonio Pizzonia et Villeneuve, puis Christian Klien, pour se retrouver septième, juste derrière Alonso, au 14e tour.
Même si les voitures se suivaient plus facilement à l’époque, les dépassements n’étaient pas vraiment chose aisée avant l’arrivée du DRS. Le fait que Räikkönen parvienne à dépasser trois voitures en trois tours n’avait donc rien d’ordinaire.
Kimi Raikkonen (McLaren MP4/20) dépasse Michael Schumacher (Ferrari F2005).
Photo de: Sutton Images
Six boucles plus tard, Alonso réalisait une manœuvre désormais célèbre et spectaculaire en dépassant Schumacher à l’extérieur dans le 130R, mais il s’arrêtait aux stands quatre tours avant le pilote Ferrari et Räikkönen, qui avait attaqué avec peu de carburant et devancé la Renault à la sortie des stands.
Après un blocage de roue de Schumacher dans la chicane, Räikkönen dépassait le septuple champion du monde à l’extérieur du premier virage, puis se jouait de Button et Mark Webber lors de la deuxième salve d’arrêts aux stands.
Le Finlandais était le dernier pilote à s’arrêter aux stands, au 45e des 53 tours de course, ressortant à 5,5 secondes du leader de la course, Fisichella. En quatre tours, Räikkönen réduisait l’écart à une demi-seconde.
Sous la pression, Fisichella se montrait beaucoup trop défensif dans la dernière chicane de l’avant-dernier tour, se rendant vulnérable dans la ligne droite menant au premier virage. Sans pitié, Räikkönen en profitait pour s’emparer in extremis d’une victoire qui reste largement considérée comme sa plus belle performance en F1.
Giancarlo Fisichella (Renault R25) devant Kimi Räikkönen (McLaren MP4-20).
Photo de: Peter Spinney / Motorsport Images
« Je pense que c’était l’une de mes meilleures courses, j’ai travaillé très dur et je me suis vraiment amusé », déclarait Räikkönen après la course. « Compte tenu de tous les problèmes que nous avons rencontrés ici, remporter la victoire est tout simplement fantastique. »
« J’ai attaqué autant que possible et la voiture n’a cessé de s’améliorer. Après le deuxième arrêt, j’avais suffisamment rattrapé Fisichella pour tenter ma chance, et c’est ce que j’ai fait. Je l’ai dépassé dans le dernier tour, à l’entrée du premier virage ; il fallait saisir cette occasion. »
Fisichella ajoutait : « L’équipe m’a dit que Kimi était proche après le dernier arrêt, et il m’a rattrapé assez rapidement, surtout quand j’ai été gêné par un retardataire dans le 130R, qui m’a fait perdre beaucoup de temps. Il était très rapide dans la dernière partie du tour, et j’ai fait de mon mieux pour le contenir, mais il a tenu sa trajectoire dans le premier virage, et c’était fini. »
Malgré la victoire de Räikkönen, le double podium de Renault avec Fisichella et Alonso renversait la situation au championnat constructeurs, l’écurie basée à Enstone comptant désormais deux points d’avance au lieu d’en avoir deux de retard. Le titre du Losange sera finalement scellé par la victoire d’Alonso en Chine. McLaren devra attendre 2024 pour décrocher une nouvelle couronne chez les constructeurs.
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