Fait inhabituel : deux motions de censure visant l’exécutif communautaire ont ouvert la séquence des votes ce jeudi au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg. La première avait été déposée à l’initiative de l’eurogroupe des Patriotes pour l’Europe (PFE, extrême droite) qui lui reprochait sa « fuite en avant migratoire » et une « reddition commerciale » dans l’accord sur les droits de douane entre l’UE et les États-Unis. La seconde émanait de l’eurogroupe The Left (gauche radicale) qui l’accusait « d’inaction » face au « génocide » à Gaza.
Ces deux résolutions ont été débattues lundi à l’ouverture de la session plénière. Moins d’un mois après son discours rassurant sur l’état de l’Union et malgré son appel à l’unité, la présidente de la Commission avait alors dû essuyer des critiques de la part de plusieurs élus de la coalition majoritaire, formée par le parti populaire européen (PPE, droite), les centristes (Renew Europe) et les socialistes (S & D).
Lors des votes par appel nominal, intervenus trois jours plus tard, le soutien de ces derniers à la cheffe de la Commission a été massif. La motion défendue par Jordan Bardella, chef de l’eurogroupe des Patriotes , a recueilli 173 voix favorables alors que celle introduite par Manon Aubry, coprésidente de The Left , en a obtenu 133, loin de la double majorité nécessaire pour faire tomber la Commission (deux tiers des suffrages exprimés et majorité absolue des membres, soit 361 voix).
Soutien massif
Avec respectivement 378 et 383 voix rejetant la censure, Ursula von der Leyen est sortie confortée de la séquence qui, par ailleurs, a permis de tester la solidité de sa majorité. « On a vu aujourd’hui que celle-ci aspirait à travailler sereinement avec la Commission et refusait de se faire “bordéliser” par les deux extrêmes », a commenté Valérie Hayer, la présidente de l’eurogroupe Renew Europe.
Au total, depuis 1979, la Commission européenne a fait face à onze tentatives de censure. Aucune d’entre elles n’est parvenue à ses fins. En 1999, la Commission présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer avait choisi de démissionner collectivement à la suite d’un rapport accablant portant sur des affaires de fraude.