Le Grand Prix d’Indonésie était inquiétant pour Ducati,
et, de mémoire, c’est la première fois depuis très longtemps que la
firme de Borgo Panigale était autant aux fraises. Bon, d’accord,
finalement, Aldeguer l’a emporté avec huit secondes d’avance sur
une GP24, et son coéquipier, Alex Marquez, était troisième. Mais ce
double podium ne doit pas faire oublier la détresse des autres
pilotes de la marque, à commencer par Pecco Bagnaia, le double
champion du monde. Ducati est en train de se fourvoyer, et ça
pourrait coûter cher.

 

Le cas Bagnaia, plus qu’étrange

 

Si vous ne comprenez pas pourquoi Bagnaia était dernier décroché
lors des deux courses, rassurez-vous : personne n’a la
réponse. Alors qu’il avait dominé à
Motegi
, l’Italien a réalisé la pire prestation signée
par une star du championnat dont je peux me souvenir. Jamais je
n’avais vu un double champion du monde autant en difficulté,
c’était juste dingue. La Desmosedici GP25, de toute
évidence, avait d’énormes problèmes sur la piste de
Mandalika
. Marc Marquez, même sans sa blessure dominicale,
a connu son pire week-end en 2025, et Fabio Di Giannantonio, sur la
seule GP25 non officielle, était loin.

 

Ducati

Méconnaissable. Photo : Michelin Motorsport

 

Ceci a tendance à confirmer ma théorie selon laquelle la GP25
n’est pas une si bonne moto. Toute l’année, j’ai martelé que Marc
Marquez, seul, faisait la différence. On sait qu’il peut
« transformer les points faibles d’une moto en
points forts »
d’après son frère, et plus ou
moins s’adapter à n’importe quelle machine. On parle tout de même
d’un pilote neuf fois champion du monde qui jouait des top 3 avec
Honda en 2023, c’est dire. Di Giannantonio, s’il a connu quelques
belles heures en 2025, est quand même relativement décevant,
derrière son coéquipier Franco Morbidelli au classement général –
alors qu’il est objectivement un meilleur pilote. Comment
s’explique cet écart ?
Par une illisibilité totale de
sa machine, qui, parfois, sans aucune raison, ne fonctionne plus
comme elle le devrait. Au Japon, il était à l’aise le premier jour,
mais totalement largué sur les deux autres. À Brno, il s’est retrouvé à jouer la
16e place alors que trois courses plus tôt, il montait sur le
podium.

De toute évidence, cette GP25 imprévisible n’est régulière
qu’aux mains de Marc Marquez, ce qui en dit assez long. La GP24,
comme la GP23 et la GP22 avant elle, s’adapte à tous, et réussit à
des pilotes dotés de qualités assez différentes. De fait,
quelque chose ne va pas chez Ducati
. Je vais prendre
quelques instants pour évoquer la fumeuse théorie du biais
Marquez : non, je ne pense pas que Tardozzi, Dall’Igna et les
autres aient privilégié Marc dans le développement de la moto. Si
Bagnaia avait remporté ce championnat, cela n’aurait fait que
cimenter sa légende en Italie, et n’aurait certainement pas
desservi Ducati sur le plan de la communication.

C’est contre-intuitif, mais la contre-performance de Bagnaia à
Mandalika était tellement énorme qu’elle sert son propos. Il ne
peut pas piloter comme ça, ce n’est pas possible, il faut faire
quelque chose. Et Ducati, qui ne s’est jamais retrouvé en
telle difficulté avec un pilote d’usine depuis très
longtemps
– c’était moins pire pour Enea Bastianini en
2023 –, doit admettre qu’il y a un problème.

 

Ducati, une communication à revoir

 

Ducati

Le cas
Bagnaia serait-il élucidé s’il était plus vocal ? Photo : Michelin
Motorsport

 

Venons-en maintenant au deuxième sujet ; Davide Tardozzi,
team manager de l’équipe Ducati Lenovo Team et accessoirement
premier vainqueur d’une course en championnat Superbike, n’a pas
fait que des bons choix dans sa communication. En Indonésie, une
rumeur courrait dans le paddock ; Ducati aurait fait essayer
la GP24 de Franco Morbidelli à Pecco lors des essais de Misano.
Ceci a été confirmé au cours d’une interview MotoGP.com par Uccio Salucci, directeur de l’écurie
Ducati VR46, ainsi que par Morbidelli lui-même. Mais
pourtant, Tardozzi et Ducati n’ont rien avoué, maintenant la
pression du secret sur cette affaire a priori banale.

Mais, attendez… ce n’était pas si grave,
non ?
Ce test était parfaitement légitime, et Salucci
comme Morbidelli n’ont pas dû penser qu’il s’agissait là d’un
secret à cacher. Ducati, en préservant le silence absolu, s’est
pris les pieds dans le tapis – ou noyé dans un verre d’eau, pour
reprendre le titre. Il n’y avait pas de quoi polémiquer sur ce
test, mais l’attitude défensive de Tardozzi n’était pas du tout
appropriée. Pecco Bagnaia, interrogé à son tour, affirmait qu’il
« disait ce qu’on lui a dit de dire », ce qui ne fait
qu’empirer la chose, confirmant par le fait l’omerta régnante.

Cette saison, je trouve que Davide Tardozzi se met
particulièrement en avant. J’ai l’impression qu’être sous le feu
des projecteurs ne le dérange pas du tout, pour ainsi dire, mais
ses sorties manquent parfois de cohérence… voire de
tact
. En effet, une de ses déclarations m’a choqué à la
fin de la course. Pecco Bagnaia, qui a chuté depuis la dernière
place, ne s’est pas présenté en zone mixte, au vu de sa déception.
S’il n’a pas voulu se montrer ainsi, c’est qu’il y avait une
raison. Tardozzi, après l’épreuve, a dit de
son pilote qu’il avait pleuré, qu’il était dévasté
.
Quel message est envoyé à la presse ?
Fallait-il vraiment trahir l’état d’un pilote qui, certes, n’est
pas au mieux de sa forme, mais qui a quand même fait briller Ducati
récemment ? Est-ce vraiment le meilleur moyen de
considérer Bagnaia comme un pilier ?

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de Ducati et de
Davide Tardozzi actuellement. Partagez-vous mon avis ?
Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Ducati

L’équipe
privée s’est carrément retrouvée mêlée à cette non-affaire… une
situation difficile. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport