L’appel au secours de la filière investigation ne date pas d’aujourd’hui. Mais plus les années passent et plus la spécialité semble s’enfoncer davantage dans la crise. C’est le constat sur le terrain du syndicat de police Un1té qui, ce mercredi 8 octobre, avait choisi d’aller à la rencontre de la population nancéienne. Pour lui exposer ses difficultés à ciel ouvert. Avec distribution d’un tract intitulé « Victime abandonnée, et si c’était vous ? », car selon Un1té, « il manque au moins 2 000 enquêteurs au niveau national et plus de 3 millions de procédures sont en attente d’être traitées », relaie Régis Peiffer, porte-parole d’Un1té.

La Meurthe-et-Moselle n’est pas épargnée. « Dans le département, des milliers de plaintes sont en attente mais les enquêteurs croulent déjà sous les dossiers, sans parler de l’urgence à traiter. Ils n’ont tout simplement pas de temps à y consacrer », poursuit le syndicaliste. Si le temps manque, c’est parce que « les effectifs sont insuffisants, le matériel informatique obsolète alors que les contraintes imposées par le code de procédure pénale sont toujours plus écrasantes. Le risque, c’est que des plaintes pour des faits graves entrent dans les délais de prescription, sans que les victimes aient pu obtenir de réponse ».

Plainte pour l’assurance

La crise de l’investigation alimenterait la « perte de confiance de la population envers les institutions police/justice, avec des policiers qui s’épuisent à accomplir leurs missions avec les moyens du bord ». « Des gens renoncent parfois à déposer plainte car ils savent que ça ne donnera rien. Ce n’est pas normal ! », constate David Didier, secrétaire départemental d’Un1té.

« Aujourd’hui, on ne devrait pas déposer plainte uniquement pour son assurance mais c’est un fait et ça me révolte car je ne suis pas entré dans la police pour voir ça ! On se doit d’apporter une réponse à nos concitoyens qui ne soit pas seulement un classement sans suite », martèle un enquêteur. « Le policier manque de tout, lutte avec ses petits moyens mais il s’épuise ». « Oui, nous ne sommes que des humains », rebondit une enquêtrice, excédée par des outils informatiques « inadaptés alors qu’on nous demande d’aller de plus en plus vite avec moins en moins de moyens. Il nous faut des effectifs, du temps et de l’argent ! On ne traite pas un vol de voiture comme le viol d’un enfant ».