Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre britannique Keir Starmer a voulu incarner le retour de la « raison » et du « pragmatisme » au Royaume-Uni. Mais derrière les grands mots, sa dernière annonce a provoqué un malaise profond : d’ici 2029, nul ne pourra travailler au Royaume-Uni sans identifiant numérique. Autrement dit, toute activité professionnelle dépendra de la validation électronique d’un État devenu omniprésent. Sous couvert de « mieux contrôler l’immigration », le gouvernement travailliste est en train de bâtir les fondations d’un système de surveillance intégral, où la liberté devient une variable administrative.
Du contrôle migratoire au contrôle social
Keir Starmer justifie ce projet par le besoin de « retrouver la maîtrise des frontières ». Un argument commode, mais qui peine à convaincre. Vingt ans plus tôt, Tony Blair avait déjà tenté d’imposer une carte d’identité numérique — et l’opinion publique l’avait massivement rejetée.
Les raisons de l’époque n’étaient pas techniques : elles étaient philosophiques. Les Britanniques, héritiers d’une longue tradition de libertés individuelles et de méfiance envers l’État centralisé, voyaient dans cette mesure une atteinte directe à leur autonomie.
Mais le contexte a changé. Après le test de soumission collective du Covid, les gouvernements occidentaux savent jusqu’où ils peuvent aller. Le confinement, les passes sanitaires, les QR codes pour circuler ont servi de répétition générale. Les citoyens ont appris à justifier eux-mêmes les restrictions de leur liberté « pour le bien commun ». Dès lors, l’idée d’un contrôle numérique global n’apparaît plus aussi choquante qu’en 2004.
Officiellement, le but serait d’empêcher les clandestins de travailler. Dans les faits, les premiers visés seront les citoyens ordinaires. Sans identifiant numérique, impossible de signer un contrat, d’ouvrir un compte, de percevoir un salaire. Le travail, la consommation et les déplacements deviendront des privilèges conditionnés à la conformité.
C’est la logique du « crédit social » à l’européenne : sous prétexte de sécurité ou d’écologie, on relie chaque citoyen à une identité numérique unique, traçable, corrélée à son empreinte carbone, à son profil médical, à son activité en ligne. Le rêve du bureaucrate total : une société sans anonymat, où chacun est comptabilisé, évalué, sanctionné s’il dévie du discours autorisé.
Tony Blair, mentor de Starmer et aujourd’hui chef du Tony Blair Institute for Global Change, qualifie ces identifiants numériques d’« inévitables ». Un mot qu’il affectionne : il avait déjà promis que la guerre en Irak apporterait la paix, que l’Union européenne garantirait la prospérité et que les vaccins empêcheraient la contagion. Toujours faux, mais toujours « inévitable ».
Une vieille tentation : l’homme comme instrument
Les penseurs classiques avaient déjà vu venir cette pente. Aristote décrivait l’esclavage comme une constante de la condition humaine : quand certains ne peuvent ou ne veulent plus gouverner leur propre vie, d’autres s’en chargent pour eux. Joseph de Maistre, deux millénaires plus tard, y voyait un danger spirituel : le jour où les sociétés se détourneraient de leurs racines chrétiennes, écrivait-il, l’esclavage reviendrait sous une forme plus subtile, celle d’une humanité surveillée, sans chaînes visibles, mais prisonnière d’un pouvoir technique déifié.
Nous y sommes. L’État moderne, sous couvert de rationalité, réinvente la servitude avec le consentement des gouvernés. À la différence des tyrans d’hier, il ne frappe pas : il persuade, il connecte, il « sécurise ». Il ne vous vole pas votre liberté : il vous offre un QR code pour l’utiliser à sa guise.
L’initiative britannique n’est pas isolée. L’Union européenne avance elle aussi vers son portefeuille d’identité numérique européen (EUDI), déjà testé dans plusieurs pays. L’objectif officiel est le même : simplifier les démarches, sécuriser les échanges. Le résultat sera identique : un citoyen numérisé, dépendant d’un système central dont il ne maîtrise ni les règles ni les mises à jour.
Cette dérive révèle un changement d’époque : la politique du XXIe siècle n’est plus celle des idées, mais celle des données. Ce n’est plus le Parlement qui décide de ce qu’un homme peut faire, mais un algorithme. Et dans cette logique, la liberté ne disparaît pas d’un coup — elle s’efface clic après clic.
Au fond, Keir Starmer n’invente rien. Il parachève ce que Blair, Macron, Ursula von der Leyen ou Trudeau préparent depuis des années : un monde d’individus tracés, connectés, gouvernables. L’esclavage d’hier passait par la force ; celui de demain passera par le confort. Il n’y aura plus besoin de chaînes : il suffira de couper votre identifiant.
Face à cela, il reste une arme : le refus. Refuser de se soumettre à l’idée qu’on ne peut plus vivre, travailler ou circuler sans autorisation numérique. Refuser de croire qu’une société libre doit tout contrôler pour exister.
Car, comme le rappelait déjà de Maistre, la servitude renaît quand les peuples oublient qu’ils sont nés libres.
YV
Illustration : wikipedia (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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