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« La justice française ne sera plus une justice qui tue ». Le 17 septembre 1981, Robert Badinter prononce un discours qui va changer l’Histoire de France. Ce jour-là, le ministre de la Justice sous François Mitterrand demande à l’Assemblée Nationale d’abolir la peine de mort. Une loi qui sera finalement promulguée le 9 octobre suivant. Comme un symbole, c’est cette date du 9 octobre 2025, soit 44 ans jour pour jour, qui a été choisie pour faire entrer Robert Badinter au Panthéon. La mémoire de l’ancien homme politique, décédé le 26 septembre 2024, sera saluée au cours d’une cérémonie à laquelle participeront notamment Guillaume Gallienne et Marina Hands de la Comédie Française, ainsi que le chanteur Julien Clerc.

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« Un très grand honneur »
Après la prestation du groupe Feu! Chatterton pour les Manouchian, c’est donc Julien Clerc qui a été choisi pour cet événement. « Un très grand honneur » estime le chanteur de 78 ans dans les colonnes du Parisien : « Je n’ai rencontré Robert Badinter que trois fois mais je l’admire beaucoup, lui et son parcours. Et cela me fait plaisir que l’on ait choisi une chanson qui a compté dans ma vie et qui a eu une importance particulière, sociétale, dans la vie de mon pays ». Car le choix de Julien Clerc n’est pas dû au hasard : il interprétera sa chanson « L’assassin assassiné », plaidoyer contre la peine de mort sorti en 1979, deux ans avant son abolition par Robert Badinter.

Parolier de légende et auteur de la chanson, c’est Jean-Loup Dabadie qui pousse Julien Clerc à interpréter le titre, évoquant les derniers moments d’un meurtrier condamné à la peine de mort, lors d’une émission de télévision sur la troisième chaîne. « Le standard téléphonique avait sauté. Il y a eu beaucoup de réactions de téléspectateurs » se souvient le chanteur. À l’époque, la ballade « L’assassin assassiné » n’existe donc que sous la forme d’une maquette et c’est après avoir assisté à une plaidoirie de Robert Badinter que Julien Clerc décide de sortir le morceau en 1980. « On jugeait un récidiviste, qui avait tué deux femmes à 18 ans d’intervalle. (…) L’ambiance au tribunal était tendue, électrique, violente, le public se bousculait et était pour la peine de mort. Dans ce contexte, la plaidoirie de Badinter avait été impressionnante » se remémore l’artiste, qui a pu longuement discuter avec ce grand homme dans le train du retour à Paris.

« On nous avait opposés avec Sardou »
Paru sur son album « Sans entracte » en 1980, le titre n’a pas été exploité en single mais a valu à Julien Clerc des félicitations de la part de Robert Badinter, via une lettre qu’il regrette d’avoir perdu aujourd’hui : « C’était un immense honneur. Les chanteurs ne sont pas là pour faire de la politique, mais c’est une chanson sociétale, pas politique ». Hasard du calendrier, « L’assassin assassiné » sort quatre ans après « Je suis pour », titre de Michel Sardou évoquant également la peine de mort de façon plus radicale. « On nous avait opposés avec Michel Sardou (…) mais ça n’avait rien à voir. Et j’ai reçu quelques courriers, dont un très digne d’une dame qui m’avait écrit que ce n’était pas bien de chanter ça. Je lui avais répondu que les artistes se battent avec leurs armes, dont l’émotion » indique-t-il aujourd’hui. Achetez vos places pour la tournée de Julien Clerc sur la Fnac et Ticketmaster !
Ce jeudi au Panthéon, Julien Clerc va interpréter une « version expurgée » de sa chanson : « Je l’ai chantée quelque temps en tournée. Elle est longue, plus de six minutes, et demande beaucoup d’énergie, d’engagement physique. (…) On a gardé la substantifique moelle en quatre minutes, avec de nouveaux arrangements. Je serai accompagné d’un piano et de claviers ». Une séquence qui s’annonce déjà riche en émotion.