Un petit coup de disqueuse et ce sont trois vélos en piteux état qui sont retirés d’un arceau devant l’école Saint-Bruno, ce jeudi matin à Bordeaux. « On a dégagé quatre emplacements en deux minutes », constate David Mionnet, responsable du secteur centre au sein de la police municipale de Bordeaux.
Il n’existe pas de décompte exhaustif des deux-roues abandonnés sur l’espace publique dans la capitale girondine. Mais Marc Etcheverry, adjoint au maire en charge de la sécurité, estime qu’ils représentent « plusieurs centaines de vélos à l’échelle de la ville, avec des disparités géographiques puisque des concentrations existent principalement sur le centre, les secteurs Capucins-Victoire et celui de la gare ».
Les signalements peuvent être réalisés par tout le monde mais les constats ne peuvent être dressés que par des agents assermentés qui s’assurent qu’il manque un ou plusieurs éléments constitutifs du vélo (selle, guidon, etc.) ou qu’il est manifestement vétuste (recouvert de feuilles, poussière, à plat, etc.)
Montée en puissance dans les mois qui viennent
Le récent arrêté municipal, qui encadre les enlèvements, vient combler une sorte de vide juridique et doit permettre d’agir plus vite pour libérer des arceaux dans une ville où le nombre de cyclistes a augmenté de 43 % depuis 2020. Le nombre d’arceaux a été doublé entre 2020 et 2024, passant de 9.450 à 17.350. Pourtant, il est des secteurs où les cyclistes sont contraints de se reporter sur les lampadaires ou autres mobiliers urbains.
« Beaucoup de gens les considèrent comme un garage », déplore Stéphane, agent de surveillance de la voie publique (ASVP). Depuis le 16 septembre, 112 ont été identifiés comme « abandonnés » dans le seul quartier Saint-Bruno. Après l’apposition de stickers et la réalisation de photos horodatées, ces agents assermentés laissent un mois aux propriétaires pour les récupérer. Dans ce secteur, 13 l’ont fait. Les 99 autres cycles vont être enlevés par les services de la métropole. Stockés pendant un mois, ils sont ensuite confiés à une filière de valorisation, en lien avec l’association Ecologic.
Par un « effet entonnoir » au démarrage, les signalements vont mettre un peu de temps à être traités. Mais « au fur et à mesure, la situation va s’assainir », promet Marc Etcheverry. L’idée est de « monter en puissance » dans les prochains mois avec des interventions plusieurs fois par semaine. « Il n’y a rien de plus embêtant que quand on a du mal à trouver un arceau avant de prendre un train », note l’adjoint au maire. Les vélos abandonnés donnent aussi l’impression d’une sorte de laisser-aller or « le maire attache beaucoup d’importance à la bonne tenue de l’espace public », souligne-t-il.
« Beaucoup de requérants nous signalent des vélos et sont contents qu’on intervienne, on n’a que des retours positifs », s’enthousiasme Stéphane l’ASVP. Et à six mois des municipales, la majorité entend aussi soigner ses électeurs.