Parce que la chose était bien plus rare, elle offrait toujours sa part d’excitation. Une époque pas si lointaine où la nomination d’un gouvernement était attendue, scrutée. Où depuis les territoires et leurs grandes villes, les paris s’échafaudaient sur la nomination de tel ou tel élu local. C’est son tour, c’est sûr ! Cette époque où les cartes de visite d’André Rossinot puis de Laurent Hénart – pour ne parler que de Nancy – n’omettaient pas la mention « ancien ministre ». Siéger à la table du conseil des ministres couronnait une carrière ou en lançait une. Dans l’histoire politique récente, que l’on peut sans se tromper situer au tournant des années 2010, les ministres sont devenus des collaborateurs des hyperprésidents. Le poste reste glorieux, mais la nomination d’un ministre ne fait plus vibrer. Depuis un an, on finit presque par se désintéresser du pupitre dressé déjà trois fois sur le perron de l’Élysée et des annonces qui autrefois distribuaient les bons points de la politique. À l’heure où s’écrivent ces lignes, difficile de savoir si un nouveau gouvernement parviendra à corriger le premier brouillon Lecornu vite déchiré. Ce qui est sûr en revanche, c’est que nos élus locaux sont de moins en moins nombreux à rêver d’aventures ministérielles.

Trouver un étendard

Mais il ne faudrait pas conclure trop vite à un divorce entre la politique nationale et les enjeux locaux. À moins de six mois des élections municipales, ce qui se passe à Paris aura forcément des répercussions sur les scrutins dans nos villes. Une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale affaiblirait à coup sûr le camp centriste et le fameux socle commun, auquel l’opposition municipale nancéienne peut encore se raccrocher pour se trouver un étendard. Une participation des socialistes à un nouveau gouvernement comporterait aussi sa part de risques pour la majorité municipale sortante en exposant le PS au niveau national pour la première fois depuis 2017. Quant à l’électeur, il se dit sûrement que son avis compte. Attention à ne pas le lasser.