Entre risques sanitaires, menace d’explosion et pressions des autorités, Kem One est de nouveau au cœur du débat environnemental. Classé Seveso seuil haut et « IED » au titre de la directive européenne sur les émissions industrielles, le site implanté à Saint-Fons fait l’objet d’un encadrement strict.
L’usine, spécialisée dans la fabrication de matières plastiques, rejette du chlorure de vinyle monomère (CVM), un composé organique volatil « classé cancérogène avéré », rappelle la préfecture du Rhône. Les valeurs limites d’émissions sont fixées par arrêté préfectoral et « réexaminées régulièrement » sur la base des études de risques sanitaires.
Selon la préfecture, « les inspecteurs ont réalisé plus de 5 inspections par an ces dernières années » et « les émissions dans l’air font l’objet d’une surveillance environnementale régulière, destinée à vérifier en continu le respect des normes en vigueur. » En 2018, une étude avait fixé un plafond de 21 tonnes de rejets annuels de CVM, intégré à l’arrêté de 2019. Une inspection ciblée du 4 avril 2025 « n’avait pas relevé de non-conformité. »
Mais sur demande de la DREAL, Kem One a transmis une nouvelle étude des risques sanitaires et un dossier de réexamen. Après consultation du Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques, la préfète du Rhône a signé en octobre 2025 un nouvel arrêté.
Celui-ci prévoit « l’abaissement sensible de 4 tonnes par an du plafond annuel de rejets en CVM, à compter de 2027, l’obligation de mettre en œuvre d’ici là un plan de remplacement ambitieux de ses vannes » et « le renforcement de la surveillance environnementale autour du site […] par l’installation… en prévision de la réalisation de 4 campagnes de mesures par an pendant 2 ans. »
Ce durcissement intervient alors que, selon Mediacités, « près de 500 tonnes de chlorure de vinyle […] ont été dispersés dans l’air ces vingt-et-une dernières années autour d’une usine chimique de Saint-Fons. » Le média d’investigation rappelait que « le risque sanitaire était ‘significatif” en 2017 pour les habitants exposés alors que nombre d’anciens salariés du site ont succombé à des cancers. » Il souligne aussi la présence d’un gigantesque réservoir de 5 200 m³ de CVM, « un gaz très inflammable, » dont l’éventuelle déflagration « causerait très probablement des morts. »
« Les services de l’État maintiendront leur vigilance constante pour protéger la santé des populations et l’environnement. Ils exerceront tous les contrôles nécessaires pour s’assurer du respect strict des normes en vigueur », conclut la préfecture.