Menacé par la baisse des financements publics et le départ à la retraite de l’ex patron de la manifestation, Patrick Penot, l’avenir du festival Sens interdits semblait incertain. Mais ses deux nouveaux codirecteurs, François Remandet et Tina Hollard, ont su convaincre leurs partenaires.

Le festival international proposera 13 spectacles en provenance de pays tels que le Brésil, le Rwanda, la Palestine, la Russie, le Chili, l’Ukraine, la Chine, Taïwan ou le Liban. Il se déroulera dans les théâtres et salles partenaires de la Métropole, du 10 au 31 octobre. Notre sélection.

I’m fine , un spectacle conçu en exil

S’il y a bien une artiste fidèle à Sens interdits, c’est la metteuse en scène russe Tatiana Frolova. Depuis la deuxième édition, en 2011, où elle avait présenté Une Guerre personnelle , elle y est régulièrement à l’affiche. Pour le plus grand bonheur du public, qui réserve un triomphe à ses singulières créations concoctées avec sa compagnie, le Théâtre KnAM. Son théâtre à la fois documentaire et poétique mêle les itinérances personnelles des membres de la troupe à la grande Histoire et ses troubles. Leur prochaine création, I’m fine , présente la particularité d’avoir été conçu à Lyon, aux Célestins. Puisqu’elle y vit, avec ses complices du KnAM, depuis 2022, en exil. Sa situation d’artiste dissidente, dans la Russie de Poutine, était devenue intenable. Dans ce nouvel opus, la compagnie brise des mythologies tenaces : celle des Russes persuadés que le monde entier envie leur pays et celle des Européens fascinés par « l’énigmatique âme russe ». Elle s’appuie sur des documents, des images et des formes artistiques originales pour donner corps à un propos à la fois politique et sensible. Et mieux invoquer nos mémoires communes.

Du 14 au 25 octobre, aux Célestins.

Wayqeycuna

Après une longue absence, Tiziano Cruz retourne à ses terres et sa communauté, le peuple quechua. À la recherche de Wayqeycuna (“mes frères à moi”), l’artiste mêle histoire familiale et rituels ancestraux pour interroger l’ordre néolibéral et colonial qui l’a éloigné de ses racines. Face au deuil, la poésie, les images et la musique dessinent un chemin vers la réconciliation.

Les 10 et 11 octobre, au Théâtre du Point-du-Jour.

Moi, Elles

Trois relations, trois générations, trois récits et trois cultures. Moi, Elles, conçu et mis en scène par l’artiste chinoise, désormais établie en France, Wang Jing, aborde les relations mère/fille à travers les histoires de trois femmes vivant dans l’Hexagone, issues de pays différents : Chine, Mali et Iran. Leurs parcours se croisent et se reflètent dans un jeu de miroirs révélant les souvenirs de leur mère absente.

Les 14 et 15 octobre, au Théâtre de la Croix-Rousse.

Ceci n’est pas une ambassade

Un spectacle conçu par le metteur en scène suisse Stefan Kaegi avec des artistes et citoyens taïwanais. Qui nous offre une plongée dans les archives et les imaginaires d’un pays qui, du fait de la souveraineté économique de la Chine, est soumis depuis 1971 aux aléas géopolitiques. Stefan Kaegi a rencontré un ancien diplomate, une musicienne héritière d’une entreprise de bubble tea et une activiste digitale, tous les trois engagés à leur manière pour un Taïwan libre. Ce sont eux qui, le temps de la représentation, sont en charge de la création d’une ambassade, entreprise interdite par l’ONU. À l’aide d’écrans, de maquettes et de théâtre, ils présentent leur pays, son histoire complexe, ses paysages, mais aussi ses luttes.

Du 16 au 18 octobre aux Célestins.

Festival Sens interdits, du 10 au 31 octobre. Site : www.sensinterdits.org