À 74 ans, la socialiste Catherine Trautmann a décidé de se lancer dans la campagne des élections municipales 2026. L’ancienne maire de Strasbourg entend succéder à la maire sortante écologiste Jeanne Barseghian, en difficulté dans les sondages.
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Si elle dévait être élue, elle aurait 81 ans à l’issue de son mandat. Mais le temps n’a visiblement pas de prise sur Catherine Trautmann, qui a annoncé sa candidature aux prochaines élections municipales ce vendredi 10 octobre, devant la gare de Strasbourg. L’ancienne maire socialiste, également ministre de la Culture au sein du gouvernement de Lionel Jospin, entend succéder à Jeanne Barseghian (Les Ecologistes), en difficulté dans le premier sondage d’opinion local.
« Je m’engage aujourd’hui à être candidate pour que Strasbourg redevienne cette ville qui innove et émancipe », a-t-elle déclaré. Sa candidature ne faisait en réalité que peu de doutes. Catherine Trautmann avait en effet organisé une série de 17 rencontres en septembre et en octobre avec les Strasbourgeois pour « rouvrir un dialogue direct, simple et sincère avec celles et ceux qui font battre le coeur et la raison de la ville ». Une première rampe de lancement à peine déguisée vers les élections de mars. Le dernier de ces rendez-vous avait d’ailleurs lieu ce mercredi, donc deux jours avant l’annonce de sa candidature officielle.
Qu’il semble loin, pourtant, le temps où Trautmann incarnait la résistance de gauche face à la suprématie de la droite à Strasbourg. C’était en 1989, quand elle triomphait face au sénateur Marcel Rudloff, mettant fin à quasiment 50 ans de règne de la droite républicaine. Elle devenait par la même occasion, à l’âge de 38 ans, la première femme maire d’une ville française de plus de 100 000 habitants. Elle sera maire de 1989 à 1997, puis de nouveau de 2000 à 2001, années pendant lesquelles elle lancera notamment le réseau de tramway de Strasbourg.
Paradoxalement, c’est en partie son ascension fulgurante jusqu’au poste de ministre de la Culture sous Jospin qui préfigurera la baisse de sa popularité à Strasbourg. Car lorsqu’elle retourne aux affaires en 2000, la maire a perdu de sa superbe. Des tensions apparaissent avec son bras droit d’alors, maire intérimaire pendant son aventure nationale, Roland Ries, ainsi qu’avec son adjoint aux finances, Jean-Claude Petitdemange. Ce dernier entérine le divorce en lançant une liste dissidente aux municipales de 2001. Ces divisions à gauche lassent l’électorat strasbourgeois, qui place l’UDF de Fabienne Keller en tête, devant le PS de Trautmann, qui atteint péniblement les 29% au premier tour, soit 23 points en dessous de son résultat de 1995.
Catherine Trautmann a été parmi les plus farouches opposants à la politique de la maire Jeanne Barseghian, pourtant à gauche
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© Odile Barthélemy / France télévisions
Elle devient ensuite conseillère municipale d’opposition, puis accepte de laisser sa place à Roland Ries pour mener la liste du PS aux élections municipales de 2007. Le parti de gauche l’emporte largement, signant le retour de Trautmann dans la majorité, et ce jusqu’en 2020. Ses mandats successifs de députée européenne (entre 1989 et 1997, puis entre 2004 et 2014), couplés à ce poste de ministre sous Jospin, lui confèreront toujours aux yeux des Strasbourgeois cette aura de cacique de la politique locale.
Cela ne suffira pourtant pas à contenir la vague de 2020. Habituée à lutter contre la droite pendant toute sa carrière, c’est cette fois par la gauche qu’elle sera dépassée. Lesté par la décision du maire sortant Roland Ries de ne pas se représenter, puis surtout par les casseroles de la nouvelle tête de liste Mathieu Cahn, le PS s’attend à devoir céder le pouvoir. Catherine Trautmann arrive alors à la rescousse pour remplacer Cahn au pied levé, quelques semaines avant le premier tour. Mais cela ne suffira pas à renverser les tendances. L’ancienne ministre termine à la 3e place derrière la liste LREM menée par Alain Fontanel et la liste EELV/PC menée par Jeanne Barseghian, intronisée nouvelle maire. Le centre de gravité de la gauche s’est déplacé, préfigurant les scores élevés des partis radicaux à la présidentelle, aux européennes et aux législatives suivantes.
Pour autant, Catherine Trautmann s’avance avec de meilleurs arguments qu’en 2020. Le premier sondage a montré à quel point la maire sortante avait suscité le rejet dans l’électorat strasbourgeois, même à gauche. Il place même Trautmann au coude-à-coude avec la surprise Jean-Philippe Vetter (LR), en première position. Surtout, l’ancienne ministre peut cette fois compter sur une véritable campagne électorale, lancée six mois avant l’échéance.