GENYA SAVILOV / AFP
Guerre en Ukraine : des attaques russes massives plongent une partie du pays dans le noir. (photo d’illustration d’un immeuble de Kiev touché par une frappe russe le 10 octobre)
INTERNATIONAL – La Russie poursuit ses frappes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes. La ville de Kiev et neuf régions d’Ukraine étaient affectées par des coupures d’électricité ce vendredi 10 octobre, après une nouvelle attaque d’ampleur menée par Moscou, qui a impliqué des centaines de drones et des dizaines de missiles. Un enfant a été tué et une trentaine de personnes blessées, selon le premier bilan communiqué par la police.
Les frappes russes sur les infrastructures énergétiques et le réseau ferroviaire ukrainiens se sont multipliées depuis plusieurs semaines à l’approche de l’hiver, faisant craindre une campagne – comme les années précédentes – qui pourrait plonger des millions de personnes dans le noir et dans le froid.
Selon l’opérateur du réseau électrique ukrainien, Ukrenergo, les bombardements de la nuit ont provoqué des coupures de courant chez « un nombre significatif d’usagers » dans la capitale et neuf autres régions de l’est, du sud, du nord et du centre du pays. Le principal acteur privé du secteur, DTEK, a rapporté que « les équipements des centrales thermiques ont été gravement endommagés ».
Zelensky attend « une action décisive » des Occidentaux
« Depuis plusieurs semaines, les Russes font tout pour plonger le pays dans l’obscurité », a dénoncé le président Volodymyr Zelensky, plaidant une nouvelle fois pour une aide des Occidentaux. « Ce qui est nécessaire, ce ne sont pas des paroles en l’air mais une action décisive – de la part des Etats-Unis, de l’Europe et du G7 – en livrant des systèmes de défense aérienne et en appliquant des sanctions », a-t-il affirmé.
Selon la police, les attaques ont fait au moins un mort – un garçon de 7 ans dans la région de Zaporijjia – et 29 blessés. Il s’agit de « l’une des plus importantes frappes concentrées spécifiquement contre des installations énergétiques », a relevé de son côté la Première ministre Ioulia Svyrydenko, soulignant que les infrastructures ont « subi des dommages importants ».
Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré 465 drones et 32 missiles sur le pays, dont respectivement 405 et 15 ont été abattus. Des journalistes de l’AFP à Kiev ont entendu de nombreuses explosions ainsi que le vrombissement de drones d’attaque. À Kiev, « la rive gauche [orientale, ndlr] est sans électricité. Il y a également des problèmes sur le réseau d’eau », a indiqué le maire de la ville, Vitali Klitschko, sur Telegram.
Un journaliste de l’AFP vivant dans l’est de Kiev a également constaté l’absence de courant et d’eau potable et témoigné que cette partie de la ville était plongée dans une obscurité totale. L’impact a été tel que – fait rare – le trafic du métro est interrompu jusqu’à nouvel ordre du côté oriental du Dniepr, a annoncé l’administration municipale. Ioulia Svyrydenko a ensuite indiqué que dans la capitale, « les infrastructures critiques ont déjà été rétablies ».
Le risque d’un « hiver extrêmement difficile »
Volodymyr Zelensky avait déjà dénoncé plus tôt cette semaine la multiplication des frappes contre des cibles énergétiques et estimé que « l’objectif de la Russie est de semer le chaos » au sein de la population. Autre signe de la pression russe, les autorités ukrainiennes ont annoncé jeudi de nouvelles évacuations de civils dans l’est du pays, où se déroule l’essentiel des combats.
A Sloviansk, ville du Donbass sous contrôle ukrainien, le maire a recommandé l’évacuation des personnes âgées et des enfants en raison des attaques incessantes sur les systèmes de chauffage. « Le risque est grand que la saison d’hiver soit extrêmement difficile », a déclaré Vadym Lyakh sur Telegram. Le secteur gazier ukrainien est aussi mis à rude épreuve par les frappes russes, ce qui pourrait pousser Kiev à recourir à de coûteuses importations.
L’hiver dernier, les bombardements russes avaient déjà réduit de moitié la production nationale de gaz en Ukraine. En face, Kiev frappe également la Russie régulièrement, ciblant en particulier les raffineries, ce qui a provoqué une hausse des prix du carburant dans ce pays depuis l’été. Volodymyr Zelensky a estimé cette semaine que les pénuries de carburant en Russie se chiffraient « à hauteur de 20% des besoins ».