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Mardi 1er juillet, 17h. Alban Susselin, un éclusier, parvient à remonter une drôle de caisse, pont de la Mission. À l’intérieur : une vingtaine de munitions antiaériennes allemandes de la Seconde Guerre mondiale. Les ogives semblent abîmées, le risque d’explosion est réel. Un périmètre de sécurité est dressé. L’attente dure une heure. Le temps aux démineurs nantais d’arriver. En 15 minutes, les obus sont chargés dans un caisson et ramenés à Nantes pour y être détruits. Huit jours plus tard. Rebelotte. Cette fois, c’est une bombe d’une tonne qui est découverte sur un chantier à Montfort-sur-Meu…

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Une découverte de bombe ? Dans nos contrées, cela est presque banal. À tel point qu’il serait difficile de les répertorier. Dernière en date ? Le 17 août, un nouvel obus -datant de la Première guerre cette fois- a été remonté par un pêcheur pont de Bretagne. En 2014, une bombe avait été retrouvée au milieu du campus de Beaulieu. Deux mois plus tard, les constructeurs de la ligne B du métro étaient aussi tombés sur un os. Résultat : 3 000 personnes évacuées. En image, ici, une ancienne bombe anglaise, découverte à Bruz. Elle trône désormais dans le parc de la Herverie.

Rennes, bombardée

Rennes a subi ses premiers bombardements le 17 juin 1940 vers 10h. Leurs bombes touchent la gare et les plaines de Baud. Les estimations portent le nombre de victimes à 1 500. Ce jour-là, l’Histoire retiendra surtout le tristement célèbre discours d’Armistice du maréchal Pétain, prononcé trois heures après le début des combats à Rennes. Pas de quoi épargner la capitale bretonne pour autant. Les années suivantes, les frappes s’intensifient. Elles viennent des alliés. « Le pic c’est 1943 ! », explique Fabien Lostec, historien à Rennes 2. Une année ravageuse, qui fera de nombreuses victimes parmi les civils.

Rennes, nœud stratégique

Pourquoi une ville comme Rennes, éloignée des ports militaires, a-t-elle subi de tels bombardements ? La capitale bretonne a bel et bien été une zone clé durant la Seconde Guerre mondiale. La ville était un nœud ferroviaire permettant d’accéder aux bases navales du littoral. À l’époque, la région bretonne était particulièrement stratégique. La faute à sa proximité avec les côtes anglaises. Prendre le contrôle de son point d’entrée représentait donc un avantage tactique majeur.

L’avis de Fabien Lostec, historien à Rennes 2

« Les bombes lancées en 1940 par les Allemands puis en 1943 par les Alliés visaient des structures militaires. Le problème c’est que les obus étaient largués de très haut. Donc, ils rataient souvent leurs cibles. Conséquence : des quartiers civils de Rennes ont été touchés. Au final, des bombes vont, par exemple, toucher le Thabor, derrière la prison des femmes, le quartier Alphonse-Guerin ou bien finir dans la Vilaine. Ces bombardements ont été très importants, suffisants, en tout cas, pour laisser des traces encore aujourd’hui. »

Le plus petit bunker du mur de l’Atlantique est rennais

Lancés en 2024, les travaux de la nouvelle ligne du Réseau express vélo entre Saint-Jacques-de-la-Lande et Bruz ont permis, en avril, une découverte étonnante ! Un petit bunker individuel « Tobrouk » datant de la Seconde Guerre mondiale a été retrouvé, enfoui, rue Jules-Valles, au niveau de l’entrée du Parc-expo de Rennes. Suffisamment large et résistant pour protéger un seul soldat des obus ennemis, il offrait un poste de tir aux troupes allemandes pour faire face au Débarquement des Alliés. Sûrement construit dans l’urgence, l’ouvrage fortifié est, du haut de ses 80 cm de diamètre, le plus petit bunker du mur de l’Atlantique. La Métropole a annoncé qu’il sera conservé tel quel, à l’endroit où il a été trouvé.