Le prix Nobel de la paix de cette année 2025 est décerné à la vénézuélienne María Corina Machado. Le prix va « vers un champion de la paix » a estimé le comité lors de cette annonce faite à Oslo ce vendredi matin à 11 heures. Elle est récompensée pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». Elle est la grande figure de l’opposition au président vénézuélien Nicolás Maduro, dont l’élection est très contestée.

« Maria Corina Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes, à Oslo.

« Je suis sous le choc ! », a réagi Mme Machado à l’annonce de son nom. « C’est quoi ce truc ? Je n’arrive pas à y croire. […] Nous l’emporterons », ajoute-t-elle.

La « libératrice » du Venezuela

Et d’ajouter qu’elle est la « figure clé de l’unité » de l’opposition au Venezuela, devenu « Etat brutal ». Elle s’était justement fait connaître lors des primaires de l’opposition dans le pays en octobre 2023, auxquelles elle a recueilli plus de 90 % des voix, avant d’être déclarée inéligible. María Corina Machado s’était alors fait porte-parole du candidat qui l’a remplacée, sillonnant tout le pays, car elle n’en restait pas moins la voix et le visage de l’opposition. L’ex-candidat, M. Gonzalez Urriutia, parti en exil peu après les élections, l’a d’ailleurs félicité pour son prix Nobel : « Nous sommes sous le choc, mais de joie. »

Son parti a toujours contesté l’élection de leur concurrent, Nicolás Maduro, ce qui lui vaut de vivre cachée dans son pays. Accusée de trahison et faisant l’objet de menaces de mort, elle a également décidé d’envoyer ses enfants, en bas âge, vivre aux États-Unis, assurant qu’elle resterait « jusqu’au bout ».

La « libératrice », comme le surnomment ses partisans, s’était déjà vue récompensée par le prix Sakharov, plus haute distinction pour les droits humains décernée par l’UE.

338 individus et organisations candidates

L’ombre de Donald Trump avait plané sur cette attribution du prix Nobel, alors qu’il avait lui même avancé qu’il « mérite » cette récompense. Le président américain estimait que « personne dans l’histoire n’a jamais résolu huit guerres en l’espace de neuf mois ». L’accord de paix signé entre Israël et le Hamas à la veille de l’attribution du prix, survenu trop tardivement, n’a pas eu d’incidence sur la décision des juges.

338 individus et organisations étaient en lice cette année. D’autres noms étaient évoqués pour recevoir la prestigieuse récompense comme le réseau de bénévoles soudanais Cellules d’intervention d’urgence (ERR), la Russe Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant Alexeï Navalny, ou encore le chef de l’ONU, Antonio Guterres.

En 2024, le prix de la paix était allé à Nihon Hidankyo, un groupe de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, en croisade contre l’arme nucléaire.