Publiée le 9 octobre 2025, dans la revue Papers in Paleontology, une étude révélant une nouvelle espèce d’ichtyosaure, un dinosaure marin, vient d’être présentée. Le squelette dormait depuis 20 ans dans un musée au Canada et pourtant, il serait crucial pour comprendre une période mal documentée de l’évolution de cette espèce de dinosaure.
Son nom évoque une créature fantastique de jeux vidéo : le « dragon-épée » du Dorset. Pourtant, il ne s’agit pas là d’un personnage virtuel, mais bien d’une nouvelle espèce de fossile identifiée aux Royaumes-Uni.
Xiphodracon goldencapensis de son petit nom vient d’être étudié et présenté dans la revue Papers in Paleontology, ce 9 octobre 2025, par une équipe de 3 paléontologues internationaux. Et, si cette découverte est aussi importante, c’est parce que Xiphodracon est le seul de son espèce, nouvelle qui plus est, à avoir été découvert jusqu’à présent.
Plongez dans le passé trouble des dinosaures marins
Pour cela, il faut s’imaginer sur la côte Jurassique britannique, c’est-à-dire le littoral situé au sud-ouest du pays, surnommée ainsi car elle date d’il y a plus de 200 millions d’années. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle est connue pour avoir été fréquentée par les dinosaures.
En 2001, le squelette de Xiphodracon goldencapensis presque complet et quasiment parfaitement conservé est retrouvé par un collectionneur de fossile de la région, raconte le communiqué de presse de l’Université de Manchester. Le Musée royal de l’Ontario, au Canada l’acquiert par la suite, mais il ne sera cependant jamais étudié. Jusqu’à aujourd’hui.
À quoi ressemblait Xiphodracon goldencapensis ?
Sa description par les experts donne froid dans le dos.
De la taille d’un dauphin, soit environ 3 mètres, « son squelette comprend un crâne doté d’une énorme orbite et d’un long museau en forme d’épée ».
Alors certes, il se nourrissait probablement de calamars et de poissons et ses restes comportent d’ailleurs des traces de son dernier repas. Cependant, les scientifiques ont observé des caractéristiques particulières sur son squelette, comme « un os étrange et unique autour de la narine (appelé lacrymal), doté de structures osseuses en forme de griffes ».
Par ailleurs, Erin Maxwell, l’une des autrices explique, dans le communiqué de l’Université, que ce fossile aide à comprendre « ce que devait être la vie dans les mers jurassiques de Grande-Bretagne ».
Un gros plan du crâne de l’ichtyosaure du dragon à l’épée nouvellement nommé, Xiphodracon goldencapensis // Source : Dean Lomax.
Avant de détailler : « Les os des membres et les dents présentent une malformation telle qu’elle suggère une blessure grave ou une maladie survenue alors que l’animal était encore en vie, et le crâne semble avoir été mordu par un grand prédateur – probablement une autre espèce d’ichtyosaure beaucoup plus grande – ce qui nous donne une idée de la cause du décès de cet individu. »
La vie marine à l’époque des dinosaures était donc pleine de danger.
Le nom de cette nouvelle espèce d’ichtyosaure fait référence à son physique et à son histoire. En effet, souligne Dean R. Lomax, l’un des autres auteurs de l’étude :
- xipho qui vient du grec xiphos (soit l’épée), fait référence à son long museau en forme d’épée
- dracon (signifiant dragon en grec et en latin), vient du fait que les ichtyosaures sont surnommés les « dragons des mers »
Une question de timing
En plus de son aspect peu rassurant lui valant un nom digne d’un conte, cette découverte fait du bruit car « il s’agit probablement du reptile préhistorique le plus complet au monde datant du Pliensbachien ».
Le Pliensbachien, c’est une période datant d’il y a 193 à 184 millions d’années au cours de laquelle il y a eu un changement, une évolution dans la faune des ichtyosaures. À cette époque, « plusieurs familles ont disparu et de nouvelles familles sont apparues », déclare Dean Lomax. Les raisons de ce « renouvellement faunique » ne sont pas encore compris des chercheurs.
Le Dr Dean Lomax et le professeur Judy Massare étudient le squelette de l’ichtyosaure dragon à épée nouvellement nommé, Xiphodracon goldencapensis, au Musée royal de l’Ontario, Toronto, Canada // Source : Dean Lomax
« Des milliers de squelettes d’ichtyosaures complets ou presque complets sont connus, provenant de strates antérieures et postérieures au Pliensbachien. Les deux faunes sont bien distinctes, sans aucune espèce en commun, même si leur écologie globale est similaire », relève Judy Massare, co-autrice de l’étude. « Il est clair qu’un changement majeur dans la diversité des espèces s’est produit au cours du Pliensbachien. Xiphodracon permet de déterminer quand ce changement s’est produit, mais nous en ignorons encore la raison. »
Toute l’actu tech en un clin d’œil
Ajoutez Numerama à votre écran d’accueil et restez connectés au futur !
Installer Numerama
En direct de la rubrique
Etude