A force de ralentir, le marché du deux-roues motorisés francilien risque-t-il la chute ? La question se pose après la diffusion, ce jeudi, du nouveau bilan trimestriel de l’observatoire du deux-roues mis en place par le courtier en assurances moto Solly-Azar, en partenariat avec le cabinet spécialisé AAAData.
Les analystes ont recensé toutes les immatriculations de véhicules neufs ou d’occasion (toutes motorisations confondues) durant les 3 premiers trimestres de 2025, qu’ils ont comparées avec celles de la même période, l’année précédente.
Et les résultats de ce nouveau baromètre, qui intervient après des années de baisse des immatriculations, sont une nouvelle fois (quasiment) tous négatifs. A l’échelon régional comme au niveau national. En Ile-de-France, les immatriculations de motos ont ainsi baissé de 2 % (-4 % au niveau national) sur les 9 premiers mois de l’année, tandis que les immatriculations de « cyclos » — moins de 50cm3- ont plongé de 14 % (contre -19 % au niveau national).
La plus forte baisse dans les Hauts-de-Seine
Ces moyennes franciliennes cachent de grandes disparités d’un département à l’autre de la région, avec une baisse du marché plus marquée dans la zone centre que dans les départements de grande couronne. Les immatriculations n’ont baissé « que » de 2,4 % dans les Yvelines (le département d’Ile-de-France où le marché du deux-roues motorisé « résiste » le mieux), de 2,6 % dans le Val-d’Oise ou de 4,3 % en Seine-et-Marne. « Plus on s’éloigne des centres urbains, moins les modes de transport alternatifs sont nombreux », décrypte Maëlle Faure, cheffe de produits auto-moto chez Solly Azar.
A l’autre extrémité du tableau, on retrouve les Hauts-de-Seine avec -7,2 % d’immatriculations (le record régional de baisse), le Val-de-Marne à -5,9 % et dans une moindre mesure la Seine-saint-Denis à -4,8 %.
Dans ce baromètre, Paris occupe une place à part. Même si la capitale apparait de moins en moins « moto-compatible » à de nombreux pilotes de deux-roues, la baisse des immatriculations qui y a été enregistrée plafonne à -3,9 % seulement… contre -9,5 % en 2024. Cette baisse modérée est cependant à relativiser. Elle n’est due qu’à la bonne santé du marché de l’occasion (+ 19 % pour les scooters de grosses cylindrées) qui compense « l’effondrement » des ventes des engins neufs dans Paris intra-muros, chiffré à -22 % pour les motos… et -51 % pour les cyclos.
« C’est la conséquence des mesures anti deux-roues dans Paris », rappellent régulièrement les motards. Ils dénoncent pêle-mêle l’instauration du stationnement payant pour les motos thermiques en 2022, le passage du périphérique à 50 km/h en 2024, la mise en service des files de covoiturage de l’anneau routier (en principe interdites aussi aux motards sans passagers) en 2025 ou encore l’interdiction temporaire de la circulation inter-files…
L’Ile-de-France, première région « motarde » de France
Les professionnels du secteur pourront tout de même se consoler en constatant dans le nouveau baromètre de l’observatoire du deux-roues que l’Ile-de-France reste, en volume, la première région « motarde » de France (devant Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhônes-Alpes). Et que le ralentissement du marché y est désormais moins marqué que dans d’autres régions.
« C’est peut-être, avant tout, lié à des questions de pouvoir d’achat qui est plus élevé en Ile-de-France », nuancent les analystes de Solly-Azar, en notant toutefois que le marché des motos neuves est reparti à la hausse (toutes régions confondues) au troisième trimestre 2025. « Un début de bonne nouvelle », résume Maëlle Faure.