Guillaume Couillard, le capitaine de l’équipe de Monaco de Coupe Davis, connaît Valentin Vacherot depuis tout petit. Il décrit l’effervescence sur le Rocher, où les performances du Monégasque au Masters 1000 de Shanghai remontent jusqu’au Palais.
Guillaume Couillard, avec la qualification de Valentin Vacherot en demi-finale du Masters 1000 de Shanghai, on imagine que l’atmosphère est folle au Monte Carlo Country Club?
Alors moi, je n’étais pas là pour le quart de Valentin. J’étais trois semaines en Amérique du Sud avec un junior, et je suis rentré jeudi soir. Par contre, je sentais quand même un petit truc particulier, on a des groupes Whatsapp, des trucs entre joueurs et ça brûlait. Ce (vendredi) matin, je suis au club et les gens se prennent même à regarder Arthur Rinderknech (qualifié en demi-finale également, NDLR). On sait tous qu’il y a un petit lien familial (ils sont cousins, NDLR).
C’est un vrai Monégasque Valentin, il n’y a aucun doute?
Il est né à Monaco, il a toujours vécu à Monaco, il a fait sa scolarité à Monaco avant de partir aux États-Unis en université. Mais il a toujours vécu là, il a appris à jouer au tennis au Country Club. Il est rouge et blanc.
Et vous le sentiez venir, ce truc?
En juin 2024, il était monté 110e à l’ATP et il n’avait aucun point à défendre pendant pratiquement 6 mois. On était quasiment certain qu’il allait rentrer dans le top 100 et puis il s’est blessé à l’épaule et il n’a pas joué pendant pratiquement sept mois je crois, même plus. C’était très compliqué, donc quand il a repris, il avait perdu tous ses points. Il était pratiquement 270e quand il a repris donc il fallait un petit peu refaire tout ça, parce qu’on savait qu’il avait évidemment le potentiel pour rentrer dans les 100.
Son tournoi à Shanghai est dingue…
On le sentait capable de gagner à ce niveau-là. Là, ce qui est vraiment ultra surprenant, c’est l’enchaînement. Ce n’est pas de le faire une fois mais c’est de le faire deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois. C’est pourtant difficile mentalement et physiquement de tenir comme il le fait. Il ne me paraît pas en sur-régime. Il joue juste très bien, mais comme il l’a déjà fait plusieurs fois. En 2024, à Monte-Carlo, il avait battu le Portugais Borges, qui était top 40.
Sur la balle de match, on a vu toute son émotion…
Oui, j’allais dire que c’est un rêve parce qu’on a toujours l’impression qu’on est capable mais est-ce qu’on va le réaliser? C’est quand même une étape d’être dans le top 100. Ce n’est pas que la symbolique du top 100, ça l’assure d’aller faire un tableau de Grand Chelem. Ça l’assure financièrement d’être aussi tranquille pour pouvoir continuer à payer sa structure, à l’améliorer, tout ça. Donc ça a un impact quand même énorme. Et de se dire qu’il va pouvoir jouer les plus grands tournois du monde contre les plus grands joueurs du monde, c’est ça qui le fait se lever le matin. Il sent que là, enfin, il a cette opportunité-là.
Sa structure est 100% monégasque?
Oui, il est entraîné par Benjamin Balleret, son demi-frère. Il est entraîné aussi physiquement par l’entraîneur physique de la Fédération monégasque de tennis. Il a le kiné de notre équipe de Coupe Davis.
En tant que capitaine de l’équipe de Monaco de Coupe Davis, vous l’aviez sélectionné en 2021. Il avait adoré ça?
Tout de suite, ça a accroché. Il adore ça. Sur son premier match, on a senti le « matcheur ». À partir du moment où il jouait pour son pays, pour Monaco, il était ultra galvanisé. Je sais qu’il y a certains joueurs, ça peut un peu les tétaniser le fait de jouer, on en a vu un même en France. Valentin, il est monstrueux! Jouer pour son pays, c’est incroyable comme ça galvanise. Quand il est loin du monde et qu’il sent le soutien, parce qu’on lui envoie plein de vidéos, même des membres qui le félicitent, les petits jeunes joueurs de notre petit centre de formation qui lui envoient des messages etc. Et il dit: « Ah la vache, c’est incroyable. » Il a l’impression de jouer un peu pour Monaco, il sent qu’il représente quand même ce petit bout de Rocher au bout du monde et ça, ça le transcende encore plus.
Comment envisagez-vous le match contre Djokovic qui est membre du Monte Carlo Country Club? D’ailleurs, ils ont peut-être tapé la balle avec Valentin…
Oui, il me semble qu’ils ont joué ensemble pendant le Masters 1000 de Monte-Carlo au printemps. Nous, on a la chance ici d’avoir plein de joueurs du top 20. Je pense qu’il doit y avoir 10 joueurs du top 20 qui vivent et s’entraînent à Monaco. Donc régulièrement, on les voit, on les côtoie.
Toute la Principauté va être devant sa télé ce samedi…
On sait que le Prince Albert est comme un dingue, il suit ça, il est comme un fou. Autant que Charles Leclerc, lorsqu’il a gagné le Grand Prix de Formule 1. Je sais que ma présidente a pris l’avion pour le rejoindre.
Mélanie-Antoinette de Massy (présidente de la Fédération monégasque de tennis, NLDR) assistera donc à la demi-finale?
Oui, elle suit tous nos matchs de Coupe Davis, elle est partout. C’est la cousine du Prince. Elle est partie jeudi à la fin de son quart de finale. Elle avait réservé son billet d’avion qui était annulable si Valentin perdait. Donc elle a pris son sac et elle est partie. Il faut savoir qu’elle gère les trois entités en fait. Le tournoi, la Fédération et le club. Donc elle est vraiment missionnée par la famille princière.
Propos recueillis par Eric Salliot